Yves Boisset est un représentant important du cinéma militant français, lequel a souvent su donner à ses sujets de société fort, le côté divertissant et efficace du cinéma populaire. La Femme flic s’inscrit dans cette veine. Pour ma part, le métrage tient la route. Le scénario est solide, l’ancrage réaliste réussi, il n’y a pas de chichi, pas de surrenchère, pas de grand-guignolesque, c’est carré, quasi-documentaire par moment, et très bien rythmé. On ne s’ennuie pas une seconde, et le film regorge de clin d’œil critique qui font mouche. Si le film frôle parfois la caricature, il ne bascule jamais, et par exemple, la condition de l’héroïne dans le contexte de l’époque apparaît crédible.
Visuellement, le métrage impose le même style documentaire, avec un tournage en décor réel, dans le nord, on visualise les lieux, l’ambiance, c’est gris et le réalisateur a très bien su restituer l’atmosphère d’une petite ville des années 70-80, avec sa maison de la culture, sa police, son manitou local, et plus encore, toutes les petites magouilles et manigances locales, et pas que dans la notabilité. Le film est une photographie de l’époque et il suinte l’authenticité à chaque instant.
Maintenant, il faut le dire, côté interprétation je suis plus mitigé. Miou-Miou est charmante, mais très sincèrement, j’ai eu du mal à la croire inspecteur. Elle a quasi-continuellement l’air d’une élève timide, et même si dans les actes c’est pas pleinement le cas, elle parle quasi toujours en murmurant, elle est peu expressive, elle écarquille de grands yeux sur le monde, c’est assez étrange. Autour d’elle, les autres acteurs tiennent plutôt bien la barque, avec une mention spéciale pour Jean-Marc Thibault, très convaincant. Kalfon également mérite une mention spéciale, en revanche, faut avouer que son personnage est finalement dispensable.
J’ajoute que la bande son signée Philippe Sarde est, comme de coutume pour le compositeur, très réussie.
En fait, ce métrage m’a surtout dérangé pour le jeu de Miou-Miou, ce qui est embêtant car elle est de chaque plan ! Même quand elle frôle la mort ou le viol, elle est totalement placide, comme déconnectée. Ca n’enlève rien aux qualités du film, et même en jouant de la sorte, l’actrice, avec ses yeux battus et son air timide arrive, vu le sujet, à amener quand même une touche de sensibilité bienvenue, mais honnêtement, heureusement qu’elle est sérieusement soutenue par des seconds rôles plus convaincants. 4