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Hotinhere
571 abonnés
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2,5
Publiée le 27 juillet 2024
Plongée mélancolique (mais un peu somnolente) dans les souvenirs hantés d’un amour perdu, dans un style (dialogues et mise en scène) nouvelle vague qui claque.
Le film parle de Jeanne et Jean. Jeanne est une jeune femme qui raconte son histoire d'amour avec Jean. Les moments dans le présent sont en noir et blanc. Les moments dans le passé sont en couleurs.
Jean est un jeune homme mélancolique. Il voue une haine certaine pour le monde. Il se pose des questions sur la société, sur le sens de la vie : "Travailler est absurde". Il est dépressif, voire suicidaire. Il est hanté par le désir de trouver sa place sur terre. Il est torturé, tourmenté. Il refuse le bonheur, il refuse de vivre. Jeanne est une jeune femme souriante. Elle aime la couleur. La couleur la touche. Les moments filmés en couleurs sont justement des scènes de souvenirs heureux pour elle. Il s'agit de l'époque où elle vivait pleinement. Alors que maintenant que Jean l'a quitté, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, en noir et blanc. Elle parle de ce qu'elle a vécu avec lui. Elle prend du recul sur ce qu'elle a ressenti. Elle se demande comment Jean pouvait ne pas aimer vivre. Elle regrette d'avoir échoué à lui donner goût à la vie. Elle est hantée par le souvenir de cette relation. Il s'agit d'une forme de deuil amoureux. Jean est une présence, un fantôme, qui reste lui pourrir la vie. Jeanne ne sait pas que Jean est décédé. On peut alors se demander dans quelle mesure elle vit le deuil de son ancien amant sans le savoir.
Que faisons nous de nos souvenirs ? A quoi servent ils à part à nous rendre malheureux ? Peut-on vivre d'un souvenir ? "Au pan coupé" raconte le chagrin de la perte. Le film dresse un parallèle entre la mort et la rupture, qui est une forme de deuil amoureux.
Une belle découverte (merci MK2) avec un duo d'acteurs magnifique. Pourtant le film ne m'avait guère attiré au départ : un thème déjà traité mille fois, un synopsis tenant en une ligne. Mais derrière cette apparente simplicité, ces fragments de la vie d'un jeune couple dessinent quelque chose de bien plus vaste, quelque chose qui touche à l'universel et nous (me) touche. Les choix de mise en scène originaux renforcent la narration et les deux caractères sont bien incarnés. Avec une mention spéciale pour l'actrice jouant Jeanne, un charme incroyable et une présence qui illumine le film.
C'est comme si GG filmait l'intérieur d'une pensée. L'inquiétude et la peur entrent en scène et se matérialisent. Le refus du bonheur c'est l'angoisse de vivre. Et il choisit deux adolescents encore sensibles pour exprimer cette fragilité. C'est assez beau et ça tire un peu sur du Truffaut
Grand oublié de la Nouvelle Vague, Guy Gilles en a pourtant épousé tous les codes, aussi bien formels que narratifs. La liberté de découpage, par exemple, est surprenante. Les raccords, bruts et poétiques, servent une évocation en pointillé que vient soutenir un très beau texte, comme chez Truffaut, et scandé à la manière des acteurs de Bresson. Une belle découverte.