Jean-Pierre Melville retrouve Belmondo pour la troisième et dernière fois avec cette adaptation du roman de Georges Simeon, d'abord prévu par Jean Valère avec Alain Delon mais ce dernier préférant aller tourner pour Antonioni et L'Eclipse.
Le metteur en scène de Le Doulos s'attarde donc sur la relation que va entretenir un vieux banquier fuyant la justice en quittant le sol français pour les États-Unis et un jeune retraité boxeur sans le sou, recruté comme secrétaire de ce dernier. Peu à peu, il met en place une certaine ambiguïté, avec une ambiance devenant de plus en plus troublante, mystérieuse et prenante, où un jeu du chat et de la souris va se mettre en place, sans forcément savoir qui joue quel rôle.
Melville axe surtout son film sur les deux portraits psychologiques qu'il dépeint, où chacun des personnages dévoilera sa vraie nature et cherchant à réellement cacher, ou fuir, ce qu'il est vraiment. Il trouve toujours le bon équilibre, sachant mêler la relation qu'ils vont avoir avec de nombreux éléments plus privés, notamment le personnage de Belmondo, ainsi que le road-movie qu'ils vont vivre en commun. L'histoire est bien adaptée, évitant de tomber dans la facilité et trouvant un déroulement cohérent, que Melville ne manque pas de sublimer, malgré quelques légers temps morts dans la première partie. Peu à peu ils deviennent intéressants, voire même attachants, surtout Belmondo, tandis qu'ils bénéficient de remarquables interprétations, avec un duo Bebel/Charles Vanel qui fonctionne à merveille.
Alors, il y a bien quelques petites maladresses, surtout dans la réalisation et l'alternance entre décors studio et quelques plans captés en extérieur. Rien de bien préjudiciable non plus mais c'est plutôt inhabituel de la part de Melville, qui montre régulièrement une vraie maitrise de la caméra. Il arrive à bien nous immerger au coeur du récit et de ce duo de personnage, bénéficiant d'une excellente partition de Georges Delerue malgré des relations exécrables entre Melville et les comédiens, où le duo principal quitta même le plateau, sans jamais y revenir, suite à une violente dispute.
Si L'ainé des Ferchaux n'est pas exempt de tout reproche, il n'en reste pas moins un film intéressant à plus d'un titre, où Melville dresse deux portraits aussi troublants que puissants, bénéficiant de remarquables interprétations et d'une histoire riche et bien écrite, qu'il ne manque pas de sublimer.