Je crois que je peux compter sur les doigts d’une main les films de Claude Lelouch que je n’aime pas. « Vivre pour vivre » est un film que je découvre. Nous sommes en 1967 et Claude Lelouch se connecte si je puis dire à son actualité du moment comme la guerre du Vietnam. Mais d’autres images remplissent son film, des images insoutenables de violence d’Afrique noire et comme si cela ne suffisait pas, des images d’archives du IIIème Reich. A toutes ces images réelles se mêlent celles de la fiction, celles du grand-reporter Robert, images d’un safari interminable précédant une interview d’un mercenaire tout aussi interminable et soporifique. Bref, Lelouch m’abreuve d’images jusqu’à l’indigestion. Sont-elles vraiment toutes à propos ? Il aurait pu écourter sans que cela nuise à la compréhension du récit. Justement, parlons du récit. Un récit banal entre un homme et deux femmes. Robert, grand-reporter est un prédateur de jupons. Marié à Catherine, il tombe soudainement amoureux d’une jeune américaine, Candice. Candice n’est pas un 5 à 7, c’est du sérieux. Et le voilà à jongler entre l’une et l’autre. Robert ment dans sa vie personnelle alors qu’il s’emploie avec talent dans sa vie professionnelle à relater la vérité. C’est le deuxième film de Lelouch après le succès de « Un homme est une femme ». On retrouve la patte de Lelouch avec ses dialogues décalés par rapport aux images, son souci du réalisme confondant de banalités, ses plans serrés, ses prises de vues qui le définissent. « Vivre pour vivre » a obtenu le Golden Globe du meilleur film étranger tout de même ! Pas difficiles les américains encore sous le charme de « Un homme et une femme ». Reste quand même la séquence où Catherine, Annie Girardot, nous fait part de sa douleur, de ses désillusions et de sa résignation suite à sa séparation avec Robert. Annie Girardot est rayonnante dans la peau d’une femme malmenée, Candice Bergen est pétulante, Yves Montand assure dans la peau d’un homme peu sympathique. Il se murmurerait qu’il aurait aimé rendre sympathique son Robert mais Lelouch a tenu bon. Tant mieux. Je lui reconnais sa bonne direction d’acteurs, ce ne devait pas être évident d'imposer sa direction face à un monstre comme Montand. Vous l’avez compris, ce « Vivre pour vivre » est un des films de Lelouch que je compte sur les doigts d’une main.