Les frères Dardenne donnent une grande importance au choix de leurs interprètes. Ils aiment utiliser des acteurs non-professionnels pour leurs rôles secondaires. Morgan Marinne a été choisi par les cinéastes parmi 180 garçons.
Les Frères Dardenne expliquent leur difficulté à aborder l'histoire de front: "Un malaise tel entoure cette histoire qu'on ne pouvait pas la regarder de face mais avec une caméra placée derrière les corps ou de biais. On cache le visage d'Olivier au début du film, et le jeune homme n'est montré qu'après les 20 premières minutes. Ce qui était dérobé nous apparaîssait aussi important que les choses révélées. La nuque tenait lieu de regard."
Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne reviennent sur ce qui les a attiré dans cette histoire: "L'intrigue, c'est le personnage, opaque, énigmatique.Peut-être pas le personnage mais l'acteur lui-même: Olivier Gourmet, son corps, sa nuque, son visage, ses yeux perdus derrière ses verres de lunettes. Nous ne pourrions pas imaginer le même film à partir d'un autre corps, d'un autre acteur."
Si la mise en scène de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne suivant sans cesse leurs personnages caméra à l'épaule peut sembler rudimentaire, les cinéastes font en moyenne une vingtaine de prises par scène.
"Deux corps séparés par quelque chose qu'on ignore. Deux corps attirés par quelque chose qu'on ignore. Des gestes, des mots, des regards qui ne cessent de mesurer la distance qui les sépare en même temps que la puissance du secret qui les rapproche. C'est cela qu'il faudra tenter de mesurer avec notre caméra."
"L'imagination morale ou la capacité de se mettre à la place d'un autre. C'est un peu cela que le film demande au spectateur. Et cet autre, il surprend. Et le spectateur surpris s'aperçoit que l'autre l'a emmené ailleurs et il s'en veut de ne pas avoir pensé que l'autre était capable de le conduire jusque-là."
Trois ans après la Palme d'Or de Rosetta, Le Fils de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne a été sélectionné à Cannes en 2002. Olivier Gourmet y a reçu le prix d'interprétation masculine.
"Les coins de mur, les escaliers, les tournants, les couloirs. Briser les lignes droites. Marche avant/ marche arrière. Mouvements d'hésitation. Labyrinthe. Pour être dans la tête d'Olivier."
"Le corps d'Olivier en déséquilibre permanent. La nouvelle caméra A-Minima pourra peut-être nous aider à filmer cet état de suspension."
"Cinquante troisième jour de tournage. Epreuve physique pour tout le monde. Il y a quelque chose d'impossible dans ce que fait Olivier. Magali a sans doute raison de lui dire: "Pourquoi tu le fais, alors?" et il a sans doute raison de lui répondre: "je ne sais pas." Nous, non plus, on ne sait pas."
Centré autour de la relation entre un adulte et d'un adolescent, le film s'appelle Le Fils. D'après les frères Dardenne, il aurait pu aussi s'appeler "Le Père."
Il s'agit de la troisième collaboration entre les frères Dardenne et l'acteur Olivier Gourmet. En 1996, il incarnait le père de Jérémie Renier dans La Promesse et en 1999, il campait le patron de Rosetta interprétée par Emilie Dequenne.