Je n’aime pas cette boisson et pourtant revoir de temps en temps ce « Diabolo Menthe » est rafraîchissant. Pour nous le servir, ça n’a pas été simple semble-t-il : Diane Kurys, toute jeune comédienne, s’est heurtée à de nombreux refus à la lecture de son scénario. Mais à force de volonté, elle a su à terme imposer sa chronique adolescente. Son adolescence, ses années lycée et familiale. Ce n’est pas qu’une oeuvre cinématographique, « Diabolo Menthe » est un engagement. Un premier film de surcroît qui sera un succès, donnant tort à tous les producteurs sceptiques qui ont sous-estimé son écriture. D’aucuns pourront toujours dire que cette chronique est assez creuse, que cette tranche de vie manque d’épaisseur, en ce qui me concerne, c’est tout le contraire. Attention, je ne dis pas que c’est une oeuvre majeure à inscrire au panthéon du cinéma. N’exagérons rien. Mais l’air de rien, Diane Kurys distille des petits billets sur les évènements de Charonne, sur la condition féminine et son droit de vote, où l’on détecte que le vote féminin s’appuierait sur le vote du père ou du mari, sous-entendu que les femmes n’auraient pas de personnalité ; sur l’ignorance de la sexualité et des garçons et ce sujet pourrait être d’actualité, et encore avec Internet, les filles d’aujourd’hui sont déjà au courant dès la 6ème (pour avoir travaillé en collège, je sais de quoi je parle) ; des petits détails comme porter des collants ou des bas, synonyme d’émancipation. Début des années soixante où les collèges et lycées n’étaient pas mixtes. A noter, que Diane Kurys n’accorde pas beaucoup d’importance à l’homme : il a la figure du père divorcé dont les apparitions sont fugaces ; le visage de l’amant, effacé ; du factotum, débordé à l’autorité tournée en ridicule ; le père de Murielle est un fantasme pour Frédérique ; son petit copain, vite évacué parce qu’ennuyeux selon elle ; un commerçant pervers ; sans compter des badauds-satyres qui scrutent des élèves en cours d'éducation physique ! Les autres ne sont que silhouettes et éléments décoratifs ! Ça en dit long sur l’univers adolescent de Diane Kurys. Eléonore Klarwein en petite Anne et Odile Michel soeur aînée d’Anne défendent admirablement leur personnage. Le ton général du film est juste. Diane Kurys rejoint le cercle fermé ou restreint des femmes cinéastes de ces années 70 : Yannick Bellon, Coline Serreau, Nina Companeez, et bien avant elles Nelly Kaplan et évidemment Agnès Varda. Ce « Diabolo Menthe » a parfois un arrière-petit goût de madeleine de Proust. Je tiens à rassurer qu’il n’est pas nécessaire d’avoir connu l’encrier, les pupitres, les tabliers aux couleurs d’un établissement scolaire des années 60 pour apprécier ce film. Je n’ai pas connu le XVIIème siècle par exemple et j’apprécie les films de cape et d’épée !