S’il y a des films qui vieillissent mal avec le temps, il y en a d’autres qui se bonifient avec les années. Voilà que je commence par une entame bien surprenante, me direz-vous. Aussi je me dois de m’expliquer, ainsi que je l'avais prévu initialement.J’avais dans les 6 ans quand ce film est sorti. Aucun intérêt. Mais si j’avais été adulte, je me serai demandé quel intérêt on pouvait trouver à ce film. A moins d’être passé à côté de quelque chose, ce qui peut être le cas encore aujourd’hui, je ne le nie pas si jamais l’un d’entre vous venait me le signifier. Car je ne vous cache pas que j’en ai tout de même entendu parler, bien que je n’ai gardé aucun souvenir de la teneur des propos. Mais aujourd’hui, soit plus de quarante ans après sa sortie, je le vois comme un immense témoignage. Le témoignage d’une époque pas si lointaine et pourtant bien révolue. En effet, le spectateur est invité à suivre une année scolaire entière, de la rentrée jusqu’au premier jour des vacances d’été, jadis appelées grandes vacances. Jadis… jadis… mmmh comme ce terme convient bien. Le mot jadis résume parfaitement ce qui ressemble fort à une chronique. L’année durant laquelle se passe l’année scolaire n’a pas été précisée. C’est habile dans le sens qu’on écarte toute forme de ressemblance (fortuite ou pas) avec des personnages ayant réellement existé. Nous avons tout de même quelques indices disséminés par ci par là. Entre l’assassinat de JFK, la sortie en salles de "La grande évasion" et de "Muriel ou le temps d’un retour", voilà de quoi réveiller votre culture générale. Et si vous êtes en panne, eh bien Internet vous aidera à déterminer l’année. Le fait est que "Diabolo menthe" se révèle être une formidable machine à remonter le temps. Comme je l’ai dit plus haut, jadis… ça se passait comme ça. Eh bien oui, ça se passait comme ça. Car même si je suis un natif du millésime 1971, j’ai tout de même retrouvé pas mal de choses. Comme la méchanceté entre jeunes, peut-être plus encore qu’aujourd’hui parce que plus directe, plus frontale. Dans les cours de récréation, on découvre que des jeux sont peut-être plus anciens que ce qu’on aurait pu croire, comme le saut à l’élastique ou le tir à la corde. Le premier persiste encore. Pour ce qui est des cours, les enseignants avaient de l’autorité. Rares étaient ceux qui en étaient dénués. Aujourd’hui c’est le contraire. Ici, les deux extrêmes nous sont présentés par la prof de dessin (Denise Péron, parfaitement horrible dans tous les sens du terme), et la prof de maths (Dominique Lavanant). Au milieu se trouvent la prof d’anglais (Marthe Villalonga, déjà attachante), une prof de gym aussi nature que colorée (Dora Doll) et les profs des autres matières, tous dirigés par des mains de fer et aidés par la surveillante générale incarnée par une certaine… Tsilla Chelton. En tout cas, on n’allait pas à l’école pour plaisanter et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne plaisantait pas ! Alors certes les préoccupations des jeunes de l’époque étaient les mêmes : la preuve par leurs conversations axées autour du sexe, du divorce des parents, de la mort sous toutes formes. Des conversations trahissant des désirs et des craintes : les désirs nés avec les hormones des corps d’adolescents qui se métamorphosent, et les craintes liées à la famille. A cette époque, les enfants étaient reconnaissants envers leurs parents, en tout cas ils ne pouvaient leur en vouloir bien longtemps en cas de désaccord ou de vive réprimande (l’anniversaire surprise). Surtout si la pension était agitée comme un drapeau de la sanction. Qu’il semble loin, ce temps-là ! Le temps où les bouteilles de Coca-Cola étaient en verre (et consignées). Le temps où les selfs n’étaient encore que des cantines. Le temps où il valait mieux filer droit, sous peine d’un conseil de discipline à l’issue presque certaine (presque hein…). Et bien que la majeure partie du film se déroule sans musique (on notera au passage la jolie partition de piano), la chanson finale le résume parfaitement bien. Donc oui, sympa à voir, en particulier pour les nostalgiques du passé.