Le projet assez dingue de retranscrire la période de la conquête de l'Ouest en 5 grandes parties à travers le visage de 3 générations d'une famille au fil du temps avait de quoi séduire, d'autant plus lorsque l'on se renseigne sur qui se tient devant et derrière la caméra.
Et si dans un premier temps j'étais à fond dedans, avec cette immersion totale dans cet Ouest américain et des personnages intéressants qui donnaient du relief au récit, le film avançait seulement dans ses autres axes que je commençais à ressentir de plus en plus de l'indifférence et de l'ennui face au spectacle proposé plutôt que cet émerveillement que l'on m'a servi à l'apéritif.
Car ce que je constate est que John Ford a tout donné dans cette première partie dont il est le chef d'orchestre, mais lorsqu'il donne les manettes à quelqu'un d'autre le soufflé retombe aussitôt à plat. Même quand il reprend le contrôle du projet lors de la quatrième partie il ne s'en sort pas.
La seconde partie fait le boulot, ne raconte rien d'extraordinaire mais rien d'inintéressant, et je pouvais quoi qu'il arrive me rattacher à quelques magnifiques plans offerts grâce à ce format Cinérama exceptionnel et cette réalisation élégante de Henry Hathaway, mais aussi à la musique d'Alfred Newman qui signe une bande originale de qualité (l'entr'acte est un véritable plaisir musical).
L'émerveillement n'était déjà plus là, mais on nourrissait encore un espoir de le voir revenir.
Cet espoir qui sera tué dans l'œuf au lancement du DVD 2 et des 3 dernières parties interminables d'ennui et de vide.
Bien sûr, moins prendre le temps amène à moins développer de nouveaux personnages et une nouvelle intrigue. Et à peine commençons-nous à rentrer dedans que le film passe à autre chose, comme ça. Une toute autre histoire, de tous nouveaux personnages, un renouveau de l'ennui, et hop on passe à autre chose lorsque ça commence à susciter en moi de l'intérêt.
En fait on dirait un film à sketches déguisé, vaguement relié par cette histoire de famille que l'on délaisse beaucoup trop pour en avoir quelque chose à faire. On peut vite fait se rabattre sur certains jolis plans - et Eli Wallach qui assure le show dans le dernier segment - mais pour finir sur cette fin en eau de boudin qui m'aura refilé un grand sentiment d'inachevé, ça ne vaut pas que le film reste gravé dans ma mémoire. Preuve en est, je l'ai quasiment totalement oublié aujourd'hui, à l'exception de ce magistral premier sketch- euh je veux dire segment.
Non vraiment c'est du gâchis, tant de potentiel pour un produit final si bordélique et creux, presque inconsistant même, qui ne nous en apprend pas forcément plus sur les événements de la véritable conquête de l'Ouest. Si vous voulez mon avis, on frôle l'arnaque...