Après avoir oeuvré comme réalisateur sans vraiment le vouloir pour Bonjour Sourire et livré sa première véritable oeuvre avec Classe tous risques, Claude Sautet retrouve Lino Ventura pour L'Arme à gauche, où ce dernier va se retrouver face à un trafic d'armes suite à la disparition d'un bateau sur lequel il travaillait.
Tout commence plutôt bien avec ce mélange de mystères et d'aventures aux Caraïbes où l'on suit un Lino Ventura qui va se retrouver au coeur d'une disparition de bateaux où, avec la belle Sylva Koscina, il devra le retrouver et découvrir ce qu'il se cache derrière cette affaire. Sautet rentre assez vite dans le vif du sujet, tout en présentant plutôt bien les personnages ainsi que les divers éléments de cette mystérieuse disparition, dirigeant alors son film vers le thriller, le mystère voire l'action et l'exotisme.
Pourtant, plus on avance dans le film moins les enjeux et personnages sont intéressants, l'ensemble manquant notamment de tension et occasionnant même quelques longueurs. Sautet ne se montre guère brillant derrière la caméra et il peine à vraiment mettre en place une ambiance sombre, prenante et tendue, misant aussi sur la psychologie des personnages alors qu'ils vont peu à peu se retrouver dans une sorte de huis clos à bord du bateau échoué. Sur ce point-là aussi il montre quelques défaillances, ce qui est vraiment dommage tant le film commençait bien et promettait, entre autres, rebondissements, charme, aventure et mystère...
Malgré tout, il y a Lino, et Lino il tient vraiment tout le film sur ses épaules, imposant son charisme et sa classe face à des méchants qui s'effaceront aussi vite qu'on les oublie. C'est clairement lui qui permet à l'oeuvre de garder de l'intérêt tandis que Sautet arrive tout de même à se montrer un minimum efficace, sauvant L'Arme à Gauche d'un vrai naufrage. À noter tout de même qu'il capte plutôt bien le contexte exotique et met bien en valeur de très beaux paysages ainsi que la belle Sylva Koscina.
Finalement, ce ne sera pas un succès pour Sautet, le poussant à se remettre à question et changer de style, ce qui va inaugurer une nouvelle vie cinéma pour lui, à commencer par Les Choses de la vie en 1970. En attendant, c'est toujours intéressant de découvrir l'Arme à gauche où, malgré de nombreuses maladresses, il bénéficie d'un immense Lino Ventura qui tient clairement le film sur ses épaules.