Pas banal, ce film-ovni. Un peu bric-et-broc en ce qui concerne le fil de l'histoire, j'ai parfois eu l'impression qu'il manquait des prises de vues pour huiler le montage, et que le réalisateur s'était débrouillé avec ce qu'il avait - tel un enfant perdu dans le bush ! C'est pourtant ce bric-et-broc qui donne son charme à ce film. On ne s'encombre pas de détails inutiles, on avance dans cette nature pas forcément hostile, mais pas conviviale pour autant. Le petit garçon est craquant, bille-en-tête et innocent. La jeune fille est belle et fraiche. Le jeune homme est tout sourire et acceptation de sa mission. Les chemises restent bien blanches, les chaussures bien vernies, bravo les lavandières en plein bush de terre rouge ! Nos jeunes s'endorment confortablement sur des pierres, les veinards. Ils n'ont jamais mal aux pieds. La vie oscille, changeante, dans le monde animal. Toutes sortes de bestioles sont posées là en observatrices, jamais agressives, et parfois comestibles... Puis la caméra mange le paysage, et le paysage est ample, simple, beau. Mais c'est aussi ce bric-et-broc qui m'a gênée. Si on avait un minuscule indice sur le geste du père, pour faire semblant de comprendre... Mais rien. Si on savait vaguement que les petits ont une mère, une maison, ou une maman morte récemment, et une vie en pension... Mais rien. Idem pour cet étrange accrochage aux branches du jeune aborigène à la fin, un rien christique, mais est-ce qu'on pratique vraiment ça chez les Aborigènes, surtout pendant son walkabout rituel qu'il a si bien réussi jusque là ? Et pourquoi quitter une vie somme toute agréable, alors que pas un instant les deux enfants ne parlent de leur vie à Sydney, leurs amis, leur famille, tout du long du film. Rien non plus sur ce qui se passe dans la tête de la jeune fille qui voit danser le garçon, sans parler de l'ellipse ultra-rapide, en toute fin du film. On voit bien ce qui est arrivé, mais j'aurais aimé qu'on s'attarde un chouia sur le regard neuf de la jeune fille sur "sa" civilisation, ce que ça peut avoir de bon, et ce qui est de l'ordre du paradis perdu... Rien sur le point de vue du petit garçon non plus. Le message passe quand même, c'est vrai. Et au fond, c'est la poésie qui reste. Ca ressemble à un rêve, très calme, et le rêve se finit, et on se réveille.