Attention, amis des animaux : il y a des maltraitances (réelles) répétées sur le chien-acteur. On a failli zapper plusieurs fois, en voyant le chien se prendre un coup de pied, des coups de nerf de bœuf, des jets de pierre, un coup de bâton (on espère vainement que la barre de fer était un bâton)... Vraiment, on préfère vous mettre en garde, car ce n'est pas qu'une seule scène sur le film, et on a eu de gros pincements au cœur en face de Baxter, pauvre chien... On est donc dans la tête d'un bull-terrier nerveux et voulant toujours prouver qu'il n'est pas "le petit chienchien à sa mémère"... Mais n'est pas fondamentalement mauvais (il ne voit pas le mal qui se cache derrière ce qu'il fait, d'où tout l'intérêt de cette voix-off très intelligente, signée de la plume de Jacques Audiard : la classe), à l'inverse de ce petit garçon qui est fan d'un pan de l'Histoire assez sombre (on ne vous spoile pas), et va commettre des actes ignobles. Il y a un discours assez malin sur la véritable méchanceté, entre la bestialité du clébard (qui veut simplement prouver sa force) et la conscience du gamin qui sait très bien que ce qu'il fait est Mal, et c'est justement ce qui l'excite. La technique du film est irréprochable, le chien joue merveilleusement (avec sa trogne d'assassin : oui, on a peur de ces chiens aux petits yeux vicieux, et ceux qui disent "mais non ils sont sympa" n'ont jamais connu de rando devant un portail ouvert, qui se transforme en marathon-surprise), et le gamin nous débecte pour de vrai (surtout quand il frappe son chien...). Baxter est un film assez original, qui nous met mal à l'aise en nous plaçant dans la tête du chien (ce qui ne nous arrive pas souvent) qui nous paraît "méchant" jusqu'à ce qu'on rencontre le vrai sadique de l'histoire. Soigné, astucieux, intelligent, Baxter est un film qui mériterait de ressortir en "cruelty-free" (sans scène de maltraitance animale, comme la récente version de Cannibal Holocaust, la seule qu'on accepte de voir), afin que tous les publics puissent profiter de cet OVNI très bien écrit dans ses dialogues (merci Audiard).