Au vu de l'affiche et du synopsis, je n'ai pas cherché plus loin et je m'attendais clairement à un nanar. Et puis, lorsque j'ai vu le fils d'Audiard au scénario, je me suis dit que cela n'allait peut-être pas être si mauvais que ça. Et effectivement, nous sommes non seulement face à un film très premier degré mais qui est de plus très intéressant ! Réalisé par Jérôme Boivin et sorti en 1989, nous suivons ici Baxter, un chien qui passe dans les mains de trois familles différentes mais surtout qui pense ! Et c'est avec une voix-off que le chien nous décrit ce qu'il voit et analyse le monde des humains. Enfin analyse, on dira plutôt qu'il observe et qu'il en tire certaines conclusions et avis, ce qui permet au spectateur de voir ces familles complètement différemment. En effet, la voix off posée sur des images change complètement le sens de ces dites images, comme nous l'a d'ailleurs très bien prouvé Chris Marker dans son film "Lettre de Sibérie". Et ainsi, nous sommes plongés dans la tête de Baxter pendant une heure vingt durant lesquelles il passe par divers états et divers fantasmes comme des envies de meurtre, de la jalousie, du bonheur, de la peur etc. mais dont le portrait ne sera jamais pire que celui des humains montrés à l'écran. Le chien passe en effet entre des mains très différentes, d'une vieille femme acariâtre à un jeune couple en passant par un enfant néonazi. La phrase d'accroche, "méfiez-vous du chien qui pense" est d'ailleurs intéressante car elle est à double-sens. Au début, on peut l’interpréter comme l'avertissement classique d'un film d'horreur et puis, on se rend compte qu'elle renvoie en réalité au chien, fonctionnant comme le reflet particulièrement objectif et détaché de l'humanité ; la phrase d'accroche nous avertissant alors du chien qui a un regard acerbe, franc mais pessimiste sur nous, les êtres humains, nous confrontant alors à un triste constat. Dans sa structure, le film s’apparente ainsi presque à un film à sketch, chaque familles possédant un début, un milieu et une fin, ce qui permet de très bien rythmer l'intrigue. "Baxter" est donc un film certes particulier mais qui n'en demeure pas moins passionnant sur son regard qu'il porte sur la société et les humains qui la compose.