Drame familial dans un cadre westernien, le film ne tient pas ses promesses. Si la première demi-heure du film est intrigante, la suite est à la fois plus confuse et plus simpliste aboutissant à un résultat bancal. Le défaut principal du film est de se présenter effectivement comme un drame alors qu’il sacrifie dans le même temps la majorité de ses personnages. Comment en effet réussir à donner de la profondeur à des personnages à peine entrevus ? Comment donner de l’intensité à des conflits aussi schématisés ?
Pour être à la hauteur de ses ambitions, le film aurait dû s’apparenter à une longue fresque. Difficile en 1h30 de donner de l’épaisseur à des personnages à peine esquissés. Si Spencer Tracy est bien servi, au même titre que Robert Wagner, tous les autres personnages sont presque sacrifiés. Or, quand on a une telle distribution dans sa manche, il est quand même dommage de reléguer un Richard Widmark à un rôle aussi binaire quand certaines scènes laissent penser qu’il est plus complexe qu’on vient bien nous le faire croire. La volonté de brasser de nombreux sujets importants comme le sef mad man, la filiation, le racisme, l’orgueil, la justice, la politique, l’écologie, l’évolution du monde des affaires est tout à fait louable. Elle se heurte cependant, une nouvelle fois, à sa trop courte durée et ne se contente, du coup, que d’effleurer tous ces thèmes.
Ce n’est pas un mauvais film, bien entendu, mais l’ensemble a le souffle court. On retient principalement sa superbe photographie dans de somptueux paysages, ses formidables acteurs (même ceux qui sont sacrifiés), l’idée générale et quelques scènes bien imaginées (l’affrontement entre l’éleveur Spencer Tracy et le responsable de la mine de cuivre, par exemple). La fin n’est pas dans le ton (on comprend mal la réaction du personnage de Richard Widmark) et l’amateur de western se sent floué. Il espérait, sinon de l’action, du moins un certain souffle, et il se retrouve principalement avec un mélo mal équilibré. « La Maison des étrangers », dont il est un remake, était bien plus dans le ton dans le cadre d’un film noir.