Bon, il faut que je sois très honnête, Le Lagon bleu c’est le genre de film qui ne m’attire pas du tout. Mais enfin, allez, je me suis lancé, en me disant que j’allais assister à un truc sirupeux désagréable. Sans éviter vraiment ce côté-là, Le Lagon bleu sait quand même ne pas être uniquement un catalogue de jolies images saupoudrées à l’eau de rose. C’est bien.
Pour moi il y a tout de même des soucis assez gênant dans ce film. En premier lieu la très faible crédibilité de ces deux jeunes gens sur cette île. Le héros, même jeune homme reste imberbe (je doute qu’il ait réussi à trouver un rasoir sur l’île), ils ne se blessent jamais (bon sauf une fois quoi), il ne semble y avoir aucun danger sur cette ile, je ne parle même pas de l’une des séquences phares du début sur l’île qui manque franchement de crédibilité là aussi. En fait le film se concentre sur les sentiments de ses personnages mais a oublié tout l’arrière-plan et du fait qu’il s’agit de naufragés, du coup c’est assez difficile de croire en cette histoire.
Autre souci c’est la linéarité du film. Pas beaucoup de rebondissements, une narration assez plate qui ne parvient jamais à créer des hauts, Le Lagon bleu défile avec fluidité certes, mais aussi avec une tonalité un peu trop lancinante. Par ailleurs il y a quelques moments artificiels, et c’est vrai que cette artificialité du film est souvent sensible, ce qui n’est pas là non plus très bon.
Mais enfin au-delà de ces soucis, pas négligeables tout de même, Le Lagon bleu a des atouts. Notamment son duo d’acteurs. Je craignais une certaine fadeur, mais finalement tous deux sont assez naturels, composent un couple intéressant, et on passe un moment sympathique en leur compagnie, malgré leur naïveté qui sur certains points pourra quand même surprendre vu que ce ne sont pas non plus des nouveau-nés quand ils arrivent sur l’île. Mais enfin belles prestations de ces deux acteurs, et des deux jeunes avant eux aussi, ainsi que de l’excellent Leo McKern.
Visuellement c’est là où Le Lagon bleu a sans doute cherché le plus à marquer des points. Jolis paysages exotiques, très belle photographie, mise en scène solide de Randal Kleiser qui démontre réellement un grand talent pour saisir à la fois l’exotisme des décors et la sensualité de ses acteurs. Le Lagon bleu est indéniablement esthétique et pas trop « carte postale » comme on aurait pu évidemment le craindre. La bande son de Poledouris est par ailleurs superbe, et reste un des éléments majeurs du métrage.
Quant à l’histoire en elle-même elle est un peu tiède, on n’évite pas totalement le côté sirupeux évoqué en introduction, mais elle reste touchante, originale, avec des moments drôles, des moments graves. C’est de l’émotion un peu trop sentimental je pense pour des naufragés qui sont en condition de survie normalement, mais le film est loin d’être désagréable.
Au final Le Lagon bleu est un divertissement élégant, qui m’a gêné par un coté artificiel, surtout sur le fond plus que sur la forme. A la limite on peut digérer l’aspect sentimental, mais c’est dur de croire qu’ils sont seuls sur leur île déserte nuit et jour. Enfin, à voir à l’occasion, reste quand même que les allergiques purs et durs aux sentiments amoureux un peu naïfs devront passer leur chemin. 3.5 mais j’ai hésité avec le 3 quand même.