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evariste75
154 abonnés
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4,5
Publiée le 10 avril 2024
J'ai vu ce film sur Youtube...
Ambiance typiquement "chabrolienne", bourgeoisie versaillaise confinée, musique étrangement discordante, silences lourds de sous-entendus...
Stéphane Audran magnifique et mystérieuse...
On sent bien sa frustration au lit avec Michel Bouquet, qui l'incite à aller "voir ailleurs"...
Dialogue entre le mari trompé, pseudo "libéré", et l'amant croustillant...
Le gag du briquet géant, cadeau du 3ème anniversaire de mariage, qui va bouleverser le mari trompé et le transformer, presque malgré lui ?, en assassin est... énorme !
« La femme infidèle » sorti sur les écrans en 1969 est de fait inscrit dans la période la plus féconde de Claude Chabrol allant des « Biches » (1968) aux « Noces rouges » (1973) et régulièrement désignée comme le « cycle pompidolien » du prolifique réalisateur. Il représente encore aujourd’hui le film-étalon de ce que le cinéaste aux 57 longs métrages, maîtrisait le mieux, l’étude de caractère insérée dans une observation tout à la fois minutieuse, acerbe et ironique du milieu social dans lequel évolue les personnages, le tout nimbé le plus souvent d’une forme de suspense très personnel (parfois comparé à celui d’Hitchcock) distillé de manière chirurgicale. Ajoutée au titre déjà signifiant, l’entame du film dans le parc d’une très confortable villa versaillaise où une mère (Louise Rioton) possiblement castratrice fait remarquer à sa bru (Stephan Audran) en regardant les photos de jeunesse de son fils (Michel Bouquet) que celui-ci s’est empâté, livre une partie des fondements de ce qui va suivre. spoiler: Une mère veuve ? Un fils probablement unique s’étant confronté tardivement et avec difficulté à la vie hors du nid ? Un manque de confiance en soi découlant d’un physique passe-partout difficilement assumé ? Mais aussi Hélène, une femme superbe au port altier laissant transparaître une sensualité ne parvenant pas à s’épanouir au sein du couple. Cadeau empoisonné pour son époux qui dix ans après leur union et l’arrivée d’un enfant ne semble toujours pas avoir réellement admis qu’une telle femme a pu s’intéresser à lui. Les dialogues entre les deux époux à dessein atones, maniérés et très convenus montrent un Charles comme emprunté toujours en train de faire sa cour. La scène du coucher interroge sur l’inhibition sexuelle de Charles alors que sa femme s’offre voluptueusement à lui.
Chabrol qui a écrit lui-même le scénario de son film montre beaucoup dans le premier quart d’heure sans jamais être explicite, laissant au spectateur la liberté d’imaginer à sa guise tous les ressorts psychologiques qui animent Charles Desvallèes. Mais de manière évidente le ver est dans le fruit depuis un temps certain alors que Chabrol nous présente le couple dans quelques scènes du long fleuve tranquille de sa vie quotidienne. Via la mère rappelant à Charles qu’il a épaissi, la mèche est peut-être allumée, faisant prendre conscience à son fils lui reprochant assez sèchement de saper son autorité que ce qu’il redoutait dans une petite partie de son cerveau est peut-être déjà en marche. Dès lors l’intérêt n’est plus tant ce qu’il va se passer que comment cela va se passer mais aussi se terminer. Souvent comparé à un entomologiste, le réalisateur se délecte d’orchestrer le cheminement intellectuel d’un Charles mis sur des rails dont il sera incapable de sortir. À son caractère introverti et quelquefois autoritaire dans la gestion des choses matérielles s’ajoute une bonne dose de masochisme qui va amenerspoiler: Charles à imprudemment se frotter à l’amant de sa femme sur le lieu même de leurs ébats lors de l’une des plus belles scènes du film. Un amant joué par un Maurice Ronet tout en suavité et en détachement soit l’exact contraire d’un Charles ayant cru que tel David affrontant Goliath il allait s’apercevoir que le géant n’était pas si terrible que redouté et ainsi pouvoir enfin accéder à la confiance qui lui fait tant défaut. Pourquoi pas, l’audace aidant ne pas finir par inviter l’amant de sa femme à déjeuner ? Mais l’image de lui-même que lui renvoie ce collectionneur de femmes trop poli mais aussi un peu moqueur va se révéler être l’aboutissement du parcours doloriste de Charles . Un Charles sans doute dans la méprise sur les réelles attentes d’Hélène qui alors qu’il repart encadré par deux inspecteurs de police va enfin pouvoir lâcher la phrase toute simple : « Je t’aime comme un fou » qui était sans doute la clef d’une porte qu’il n’a jamais pu ni même tenté d’ouvrir. Secondé par un trio d’acteurs parfaits au diapason de leur réalisateur, Chabrol accomplit un travail d’orfèvre pour livrer sa version du triangle amoureux « mari/femme/amant » qu’il pimente de sa vision caustique d’une bourgeoisie dont il a toujours aimé brocarder la frilosité et l’étroitesse d’esprit même si le quelquefois très brillant réalisateur demeure avant tout un cinéaste des humeurs parfois baroques d’une comédie humaine qui le fascinera jusqu’au bout. La musique lancinante (piano,violon) de son fidèle compositeur Pierre Jansen met formidablement sous tension l’intrigue car placée quelquefois en avance sur les événements pour entretenir un climat pesant qui ne lâchera jamais le spectateur. À ce sujet il est bon de rappeler que l’art de Claude Chabrol aura toujours eu besoin d’équipes soudées et fidèles pour parvenir à délivrer un art plus souvent qu’à son tour subversif. Ainsi, outre Pierre Jansen, Jean Rabier à la photographie, Jacques Gaillard au montage, Guy Chichignoud au son ou encore André Génovès à la production ont accompagné Chabrol sur une très longue période.
Dans leur propriété de banlieue, les Desvallées donnent l'image doucereuse du bonheur bourgeois. Chabrol brise vite cette image trop lisse en laissant entendre que l'épouse a un amant. Et comment en serait-il autrement? Elle est le modèle de la bourgeoise oisive qui s'ennuie tandis que le mari, absorbé par son travail, est sympathique mais terne. Chabrol ne réinvente en rien le classique cas de figure mari-femme-amant. Au contraire, il en donne une lecture très simple, revient aux sources si l'on peut dire, en se refusant à de quelconques effets singuliers ou rebondissements spectaculaires. spoiler: Même si l'assassinat de l'amant sort du contexte le plus courant de l'adultère!
L'interpretation contribue naturellement, autant que la mise en scène, à la vérité des personnages. Michel Bouquet, plus particulièrement, donne à son emploi de bourgeois cocu une humanité intéressante et sensible qui ne relève evidemment pas du vaudeville et pas davantage d'un figure de polar. Froid et impénétrable, Charles Desvallées ne trahira, malgré ses soupçons et sa jalousie, qu'une seule fois son émotion.spoiler: Emotion fatale qui le conduit à tuer son rival au terme d'une entrevue aussi brève qu'incongrue.
La suite relève d'une situation policière et psychologique très hitchcockienne. Chabrol met en scène un drame classique qui n'est dépourvu ni d'ironie ni de sensations et qui reste dans une constante justesse.
Opus ( selon moi) majeur de la longue filmographie de Claude Chabrol ( plus de cinquante titres) , " la femme infidèle" est au travers d'un scénario convenu ( un bourgeois soupçonne son épouse de le tromper. Il charge un détective d'enquêter), propose une réflexion sur les névroses, les troubles de la personnalité de la classe dominante et sur l'institution du mariage.
La mise en scène est au scalpel et décrit une ambiance glacée soulignée par une bande son qui se marie à merveille aux images.
Il faut relever le casting exceptionnel servit par la sublime Stéphane Audran ( épouse à la ville du cinéaste) et par Michel Bouquet dont le personnage est formidable d'hypocrisie et de jalousie pathologique.
Avec " que la bête meure", " le boucher", " les noces rouges", " la femme infidèle" représente à mon goût, la quintessence du cinéma de ce metteur en scène de premier ordre, que fût Claude Chabrol.
Difficile de juger de la qualité d'un film quand Michel Bouquet s'empare d'un rôle corps et âme. Il fait parti de ces acteurs qui me transportent dans un état de catharsis, comme Lino Ventura, Gabin, Michel Simon ou Depardieu.. Un seul acteur de cette trempe peut suffire au cinéma.
La référence à la voiture qui coule dans psychose est plutôt jolie. Ce clin d'oeil n'est pas qu'un clin d'œil, puisqu'il représente quasiment la même situation (disparition d'un cadavre), mais surtout un procédé narratif quasi identique en moins puissant : procurer de l'empathie envers un protagoniste monstrueux; alors que chez Hitchcock, il s'agit de faire passer le spectateur d'un protagoniste à un autre.. Tout le film me fait un peu cet effet : un Hitchcock raté.
L'intrigue qui partait plutôt bien se dénoue malheureusement dans la facilité et le diabolicus ex machina ellipsé (l'auteur ne prend pas la peine d'informer le spectateur de son récit), en contre point de la musique qui se dénoue elle même à mesure qu'elle s'essaye.
Franchement rien de vraiment nouveau ou etonnant dans ce film. Un theme que chabrol a souvent exploré, la femme bourgeoise et oisive qui trompe son riche mari, mais qui reste avec lui quoiqu'il arrive. ça sent bon la fin des années 70 et la nouvelle vague ,mais cela ne fait tout de même pas un film 4 etoiles.
Un très bon Chabrol avec deux grands acteurs au sommet de leur art : Michel Bouquet et stéphane Audran qui font de cette histoire d'adultère un drame psychologique abouti.
4 546 abonnés
18 103 critiques
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4,0
Publiée le 23 octobre 2021
Encore un des thrillers psychologiques ou criminels lents et sombres qui est faussement calmes de Claude Chabrol La Femme Infidèle est probablement l'un de ses efforts les plus réussis. Il y a une séquence en particulier la confrontation entre Michel Bouquet et Maurice Ronet qui est du cinéma absolument fascinant elle vous fera retenir votre souffle. Stéphane Audran est superbe (ces jambes) mais sa meilleure scène se situe vers la toute fin du film avec un long travelling qui la suit et qui se concentre sur son visage qui prend une expression de type Mona Lisa avec juste un soupçon de sourire. Le titre ne laisse guère de doute sur le caractère fidèle de la femme et les 30 premières minutes auraient pu être encore meilleures si nous étions moins certains que les soupçons de Bouquet n'étaient pas de la simple paranoïa. La liaison d'Audran n'est pas très développée et son mariage ne semble pas suffisamment dysfonctionnel pour que son infidélité continue soit en quelque sorte justifiée. Mais le dernier plan est techniquement magnifique et concluant mais personnellement je pense que le film aurait dû se terminer une scène plus tôt...
C'est le premier Claude Chabrol que je vois ! Et oui, il faut bien un début à tout et je dois dire que je ne suis pas déçu de ce film sorti en 1969. Le film raconte l'histoire d'un couple dont le mari soupçonne sa femme de le tromper. Il va donc mener une enquête et va commettre l'irréparable. Je connaissais déjà le pitch dans les grandes lignes puisque, avant de voir ce film, j'avais regardé il y a pas mal de temps déjà le remake américain "Infidèle" d'Adrian Lyne, sorti en 2002. J'avais alors envie de découvrir l'original français qui est beaucoup moins sensuel et beaucoup plus en retenue (ce qui n'est pas une critique négative). Beaucoup plus en retenue en effet puisque toutes les émotions passent par les gestes et des regards. Il est d'ailleurs amusant d'observer que les dialogues sont bien souvent abscons (encore une fois, ce n'est pas une critique négative) et bateaux et ils ne transmettent en tout cas rien de ce que ressentent les personnages. Tout est en finesse et le film met en avant des sujets intéressants tels que la mort du couple mais en même temps sa renaissance. C'est clairement le gamin qui maintient ce couple en place tant bien que mal, notamment grâce à l'amour que ses parents lui portent, mais on se rendra compte qu'il n'y a finalement pas que le gamin et que ce couple avait besoin de cet évènement (l'évènement majeur du film) afin de se retrouver (le travelling final est par ailleurs très intéressant et dit encore une fois beaucoup de choses aux spectateurs, sans avoir recours aux mots). En ce qui concerne les acteurs, nous retrouvons principalement Michel Bouquet, Stéphane Audran et Maurice Ronet qui jouent très bien. "La Femme infidèle" est donc un bon film construit tout en subtilité.
« La femme infidèle » de Claude Chabrol (1969) est un thriller policier typiquement « chabrolien » se déroulant forcément dans le milieu de la petite bourgeoisie durant les 30 glorieuses. Beaucoup de choses sont vues, beaucoup transpirent de la mimique de Michel Bouquet et des regards lointains de Stéphane Audran, et beaucoup de choses sont ressenties mais tues… On y ajoute 2 petits moments de suspense (l’étang couvert de lentilles d’eau et le coffre embouti de la Mercedes) et une métaphore avec ce puzzle où il semble manquer une pièce… et voilà un film tourné sans fioritures et sur un rythme assez lent mais un film qui devient prenant avec un dernier plan plein de détresse et mais aussi de tendresse. Il a par certains aspects vieilli : les minauderies de la secrétaire, la décoration de la maison à Versailles et l’omniprésence du tabac et de l’alcool. Ce n’est pas pour moi le meilleur Chabrol mais assurément une très belle leçon de cinéma.
Quand je vois que ce film est considéré comme étant la quintessence du cinéma de Claude Chabrol, lui-même reconnu comme un grand réalisateur français, je confirme beaucoup de mes opinions. En France, nous sommes définitivement moins doué que d'autres (Italiens par exemple) pour les arts visuels, particulièrement pour le cinéma. Ce film est moyen et n'a rien d'extraordinaire en soi, seule la musique nous fait tenir en tentant d'insuffler un minimum d'ambiance. Sinon, le film est relativement lancinant, la belle Stéphane Audran campe un personnage peu étoffé et fait finalement figure d'ectoplasme. La mise en scène, quant à elle, fait le minimum syndical et n'offre que peu de perceptive d'immersion. Film très sur-évalué.
On se dit que l'on va revoir ça, et trouver ça quand même "daté"voire même finalement complaisant , et puis on est vite fasciné par la redoutable simplicité de la mise en scène, par la précision de l'écriture et la puissance d'incarnation d'un Bouquet. Quand à Stephane Audran elle n'est rien de moins ici, que l’égale des plus grandes icônes féminines du film Noir US des années 40.
13 706 abonnés
12 423 critiques
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2,5
Publiée le 18 septembre 2018
L'un des films les plus cèlèbres de Claude Chabrol où tout le sujet (du moins une partie) est finalement rèsumè par le dernier plan entre Charles et Hèlène avec ce long regard d'amour! Un mari trompè (Michel Bouquet, remarquable) rencontre l'amant de sa femme et le tue! Chabrol met l'accent sur une famille de classe supèrieure dans une luxueuse villa quelque part en banlieue! Sans avoir un tempèrament de jaloux (peut-être parce que ça lui est très difficile d'être soupçonneux), le rèalisateur français touche juste dans les rapports de soupçon entre homme et femme! Un film comme "La femme infidèle n'exclut pas le cinèma d'Hitchcock avec une tension qui bouillonne sous la surface! Le problème, c'est que ce suspense psychologique profondèment ancrè dans son èpoque fait parti des films qui ont mal vieilli! Des lenteurs, une bourgeoisie vieillotte et une prestation dèphasèe de Maurice Ronet! Hommage à Stèphane Audran [1932-2018] avec ce charme mystèrieux qui n'appartenait qu'à elle! Ce n'est pas, il s'en faut, son meilleur rôle On lui prèfère largement "Le boucher"...