Un dessinateur qui adapte ses propres BD au cinéma, c'est suffisamment rare pour le souligner. Et comme il n'y avait qu'Enki Bilal qui pouvait adapter son propre univers de manière fidèle, cela tombe bien qu'il soit "derrière" la caméra. Principalement tourné en images de synthèse, "Immortel (ad vitam)" a des arguments visuels de poids : chaque plan, chaque scène fait merveille de par les décors futuristes et les expressions faciales des personnages. Les prises de vues réelles sont bien couplées à l'animation si bien qu'on s'immerge très rapidement dans cet univers particulier et presque onirique. L'intrigue, bien que restant longtemps nébuleuse et peu claire, est au niveau du reste : décalée et originale. Malheureusement tout n'est pas parfait : la magnificence des images cache des personnages assez froids, inexpressifs, auxquels on a du mal à s'attacher, et il y aussi quelques scènes où on s'ennuie franchement, à cause d'un manque de rythme récurrent (mais rarement handicapant) dans le long-métrage. Malgré ces défauts, "Immortel" demeure une curiosité qu'il faut voir au moins une fois. Peut-être l'apprécierez-vous, peut-être pas, mais qu'on se le dise : de la SF française qui n'est pas un naufrage, ça ne se manque sous aucun prétexte !