https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/07/04/la-grande-vadrouille-critique/
La grande Vadrouille, c’est d’abord un incroyable succès populaire. Avec ses 17 267 000 spectateurs, il aura été pendant des décennies le numéro 1 du box-office français. Il faudra attendre 22 ans et les 21 774 181 entrées de Titanic (1998), pour que le record soit battu. Le film de Gérard Oury est resté le plus gros succès public de l’Histoire du cinéma français pendant longtemps et ce jusqu’aux sorties de Bienvenue Chez les Ch’tis (2008) (20 489 303 entrées) et Intouchables (2011) (19 490 688 entrées). Mais proportionnellement à la population française des deux époques, La Grande Vadrouille demeure au premier rang !!
Bourvil : Augustin Bouvet, peintre en bâtiment, l’archétype du français moyen pendant l’occupation, qui bien malgré lui dans la perfection de ses gaffes burlesques et d’une forme de médiocrité ordinaire, va nous éblouir de rire et d’un héroïsme un peu contraint, mais clairement authentique. Louis De Funès : Stanislas Lefort, en chef d’orchestre exigeant, insupportable, grimaçant et multipliant les mimiques dans ce style inimitable. La rencontre entre les deux immenses talents se fera évidemment tout en contraste, humainement et sociologiquement. Une parabole entre les acteurs et leurs rôles respectifs.
Ils partagent finalement la même silencieuse aversion pour l’occupant, mais doivent bien se plier à l’ordre établi. A travers leurs deux portraits, en seulement 15 minutes de film, c’est toute une époque qui est finement retracée. On est dans le plus pur style Oury, du grand spectacle populaire, mais avec subtilité et toujours sans vulgarité. Ne pas aimer le costume nazi est un fait, mais de là à lutter avec les alliés, il persiste comme un léger delta, c’est aussi ce qui va unir les deux compagnons d’infortune et qui se veut représentatif d’un certain état d’esprit du moment.
Tiens, voilà le premier « Non mais dis donc « de Bourvil, qui nous décoche forcément un large sourire. Alors, quand il enchaîne sur « Ha mon vélo « … C’est tout un pan d’histoire du cinéma français qui s’offre à nous en une simple phrase, et qui incarne et symbolise l’humilité et l’humanité du comique dont la générosité se lit sur le visage. La course poursuite avec les side-cars allemands où la seule arme d’Augustin et de Stanislas, ainsi que de la bonne sœur qui passait par là, sera le lancer de citrouilles…
Bourvil : « En tout cas, ils peuvent me tuer, je ne parlerai pas… «
De Funès : « Moi aussi !!! … Ils peuvent vous tuer, je ne parlerai pas !! «
Un échange qui dit tout du duo !!! Et l’art des dialogues du cinéma de Gérard Oury, où on se marre, mais jamais grassement !! C’est Danièle Thompson qui résumera parfaitement ce qu’est La Grande Vadrouille au cinéma, et le plaisir inlassable de le revoir, on lui laisse avec plaisir le dernier mot : « La qualité du film fait aussi qu’il est entré dans le patrimoine du cinéma français, c’est donc un film qu’on ne se lasse pas de regarder plusieurs fois. »