Début des années 1960. Naples est le terrain de vastes opérations immobilières, qui permettent à des promoteurs peu scrupuleux de s'enrichir avec la complicité des hommes politiques de la ville. Ainsi, l'entrepreneur Nottola investit de vieux terrains agricoles en périphérie de la ville, espérant retirer de cet investissement un bénéfice de 5000%, mieux qu'une usine, avec l'avantage de ne subir ni syndicat, ni grève. Mais les travaux des chantiers entraînent l'effondrement d'un immeuble des vieux quartiers populaires, provocant plusieurs décès ainsi que le handicap définitif d'un enfant. Il s'en suit alors un énorme scandale en pleine campagne pour les élections municipales. Nottola est candidat sur la liste majoritaire des conservateurs; il se retrouve alors face à ceux qui souhaitent lui faire payer les crimes dont il est responsable et ceux, dans son propre camp, qui n'ont de cesse de l'évincer pour étouffer la polémique. Puissant et manipulateur, Nottola arrache finalement le poste de conseiller qui favorisera ses affaires, et c'est une belle procession de notables, de prêtres et d'enfants de chœur qui s'en va bénir un nouveau chantier sous le soleil napolitain.
Main basse sur la ville est un film ardu, sur le fond comme sur la forme, austère et pour tout dire assez ennuyeux.
La bourgeoisie, tenante des partis de droite et du centre, est sans foi ni loi, prête à tout pour assurer ses intérêts: trahir ses compagnons, dénoncer ses propres enfants. Le conseiller municipal communiste, membre de la commission d'enquête sur Nottola, est incorruptible et tenace, tenant d'une vérité et d'un avenir meilleur. Le peuple est absent, tout juste esquissé de loin, subissant les tragédies mais ne prenant part à rien. Et la mafia n'est jamais évoquée, ce qui m'a plutôt surpris quand on traite de l'immobilier napolitain des trente glorieuses.
J'ai eu le sentiment de voir un film de propagande du parti, avec une vision, disons-le tout net, plutôt stalinienne des choses. Pas inintéressante, car reflet d'une époque et très certainement du PCI, mais jamais vraiment objet de cinéma. La seule scène réellement cinématographique, et la seule captivante, est celle de la chute de l'immeuble, très belle.
Main basse sur la ville, une expérience donc, mais qu'on est content d'avoir derrière soi...