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Julien D
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2,5
Publiée le 8 janvier 2014
Considéré comme une importante pièce maitresse du cinéma politiquement engagé dans l’Italie des années 60-70, ce thriller juridique s’inscrit parfaitement dans la volonté de son auteur Francesco Rosi de dénoncer les dérives du pouvoir politico-financier au grand détriment de la population la plus défavorisée en montrant du doigt sa volonté de déresponsabilisation face à un drame dont il est pourtant fautif. En nous faisant suivre ainsi les magouilles et jeux d’influence d’un entrepreneur peu scrupuleux (sorte de précurseur de Berlusconi), interprété par Rod Steiger, au sein de la classe dirigeante pour faire étouffer, à l’approche d’une élection importante, sa culpabilité quant à la construction de bâtiments non-sécurisés sur un terrain dangereux, le scénario se compose en majorité d’échanges assez complexes autour du système constitutionnel et à la législation en cours, ce qui le rend assez difficile à intégrer dans son intégralité. Mis en scène et filmé avec un noir et blanc dont l’austérité renvoie aux réalisations néoréalistes, Main basse sur la ville continue, malgré la légèreté de son intrigue paradoxalement développée de façon trop complexe, à faire mouche un demi-siècle plus tard tant son propos reste d’actualité.
Confusion des intérêts publics et des intérêts privés, détournements de fonds, corruptions, manipulations... Francesco Rosi dénonce les abus de pouvoir de la Démocratie chrétienne, en s'inspirant de faits réels. Derrière cette dénonciation, il y a évidemment un parti pris politique. Cela dit, en bon spécialiste du film d'investigation, le metteur en scène italien réalise une oeuvre sérieuse, austère comme un dossier judiciaire, mais intéressante. Sa façon de décortiquer le système en place est convaincante et le résultat, édifiant.
Main basse sur la ville est un film sur la corruption qui montre davantage le monde des corrompus et corrupteurs, le mode de vie et leurs réactions que celui de leurs victimes (mise à part la saisissante séquence d'ouverture). C'est un film politique dans lequel le jeu des acteurs est moins intéressant que leurs propos (même si leur jeu de politiciens véreux, Rod Steiger en tête, est criant de vérité). Toutefois, la trame est réellement prenante et le film demeure un incontournable thriller social et politique. Le réalisme de Francesco Rosi tranche avec le fantastique d'un Fellini ou le romantisme d'un Visconti : c'est comme si l'on revivait les heures glorieuses du néoréalisme des années 40, où la question sociale, au cœur du film, lui donnait une dimension historique. Main basse sur la ville est un incontournable du Cinéma italien.
Rosi a la rigueur documentaire d’un Rossellini et un sens dramatique digne du meilleur cinéma noir américain. Il n’évite pas complètement les défauts du cinéma engagé de gauche, son coté démonstratif et manichéen (cristallisés dans le personnage du conseiller communiste De Vita) mais il les rend parfaitement supportables. Ce qu’il montre, la collusion du monde politique avec des intérêts privés, particulièrement le secteur de la construction immobilière, vaut très largement au-delà de l’époque et du lieu du film. La France du gaullisme immobilier, jusqu’à très récemment, est comparable au Naples en extension des années 60 mis en scène dans « Main basse sur la ville ». Curieusement, peut-être même à l’insu du réalisateur, c’est le personnage du « méchant » qui retient le plus l’attention par son charisme. Il y a quelque chose de wellesien dans l’interprétation qu’en donne R. Steiger. Les scènes de débats en conseil municipal sont aussi impressionnantes que celles de procès dans « Salvatore Giuliano ». Du très grand cinéma politique, comme les italiens ont su en faire.
Certes le sujet est fort intéressant mais je regrette que Francesco Rosi est réalisé un film à l'aspect trop documentaire de plus le N&B renforce un côté un peu austère, Main basse sur la ville se laisse regarder notamment pour la présence de Rod Steiger. D'autres films italiens de la même veine dénonciateur que Main basse sur la ville ont su créer de véritable intrigue.
Main basse sur la ville est un très bon film dramatique de Francesco Rosi. La mise en scène du réalisateur est irréprochable, les acteurs comme Rod Steiger, Salvo Randone ou encore Guido Alberti sont convaincants dans leurs rôles, le scénario est original et travaillé, il y a de bons dialogues, le film est divertissant et on ne s’ennui pas une seule seconde. Bref, c’est à découvrir…
Une plongée dans le monde politico-financier (et ses magouilles) de la ville de Naples (et de l'Italie en général). Corruption et arrangements, le sujet est passionnant grâce aux dialogues souvent enlevés. Rod Steiger est excellent, la réalisation et le montage sont pas mal du tout. Par contre la photographie pas toujours très claire.
C'est incroyable à quel point ce film de 1963 est encore d'actualité de nos jours. Avec "Main basse sur la ville" Francesco Rosi signe une œuvre politique à la fois très bavarde et néanmoins brillante de bout en bout.
Main basse sur la ville est un film politique qui malgré ses 45 ans n’a pas pris une ride ! Il est un peu le complément de Gomorra et d’El Divo, totalement édifiant !
Un pur chef-d'oeuvre. A mi-chemin entre le film de mafia et le documentaire, "Main basse sur la ville" tire sa force de l'ultra réalisme de Francesco Rosi. Ici, nul besoin d'effets de manche, de parallèles judéo-chrétien ou de tragédie gréco-romaine pour faire mouche. "Main basse sur la ville" se suffit à lui-même, avec la puissance de son récit et de son témoignage qui vient dénoncer les connivences entre les politiques et les mafieux. Nul besoin de poudre aux yeux, de fard ou de destins tragiques pour évouer ici la toute puissance de la Pieuvre. A l'opposé du "Parrain", "Main basse sur la ville" réussit le tour de force de plonger au coeur de la corruption et du crime. Un film d'une rare puissance.
Classique du cinéma italien, il est vrai qu'encore aujourd'hui, ce "Main basse sur la ville" garde un réel impact et reste pour le moins d'actualité. Mais loin de nous offrir un spectacle bavard et ennuyeux, Rosi nous gratifie en réalité d'une oeuvre politique d'une grande intelligence, construit solidement autour de personnages réalistes, auquels notamment Rod Steiger et Salvo Randone réussissent à donner une réelle crédibilité. Si bien que tout sonne étonnamment juste, et que l'on ne tombe en définitive jamais dans la caricature, bien au contraire. Bref, du très bon cinéma engagé, sincère et prenant : une réussite.
Le film primé à sa sortie a vieilli. Le propos reste très actuel : imbrications entre affaires et politique. La demonstration que les deux sont à jamais indemélables est magistrale et implacable, pourtant le rythme est trop lent, trop narratif.
La démarche est courageuse, l'ensemble crédible, mais le long métrage de F.Rosi ne parvient à convaincre tant son récit ne décolle pas. A trop hésiter entre le documentaire et la fiction, le film ne va nulle part.