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    Prenez garde à la sainte putain
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    12 critiques spectateurs

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     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 26 janvier 2019
    "Prenez garde à la sainte putain" est au autoportrait à peine voilé de Fassbinder en réalisateur intransigeant d'un film qui n'arrive pas à se faire (accessoires indisponibles, financements problématiques, etc) et laissant son équipe amorphe, partagée entre désirs sans lendemain et spleen incommensurable. Avachis sur un canapé ou au bar, s'assénant de coups ou essuyant les colères d'un cinéaste qui semble dépassé, les membres de l'équipe sont semblables à des pions précisément disposés dans un cadre qui les étouffe. L'idée du cinéaste tout-puissant qui contrôle ses acteurs et ses techniciens s'incarne ainsi dans une assommante tautologie, ce qui ne doit pas pour autant masquer les qualités d'une mise en scène cohérente qui joue habilement de contrastes entre la somptuosité du décor et le chaos qui y règne et qui par la précision de ses travellings dévoile des oppositions entre des personnages pas loin d'être anéantis. Si la réalisation de Fassbinder devient pourtant vite épuisante, c'est non seulement parce qu'elle s'enferme dans le systématisme et aussi parce qu'elle ne peut s'appuyer sur une écriture qui accumule volontairement les répétitions, au point où notre intérêt pour les personnages n'est pas loin du degré zéro. Un film qui intrigue par la modernité de ses idées formelles mais qui reste une épreuve harassante, ce qui confirme la difficulté à appréhender le cinéma de Fassbinder avant de découvrir ses mélodrames les plus notables.
    soulman
    soulman

    92 abonnés 1 227 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 10 mai 2018
    Une vision particulièrement lucide du 7ème art, de ses pseudo-stars et d'un environnement créatif souvent pompeux et superficiel. Fassbinder, qui ne s'épargne pas et joue un personnage vain et prétentieux, réussit à peindre cet univers en marge grâce à une troupe de comédiens de grand talent, de Lou Castel à la sublime Hanna Schygulla, en passant par l'ineffable Edddy - Caution - Constantine dans son propre rôle. La mise en scène est remarquable, à l'image des plus belles scènes qui tiennent parfois du ballet, filmées dans la grande salle du bar.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    123 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 15 septembre 2015
    Un Fassbinder qui témoigne de l'évolution de son style, avec un rythme toujours lent mais de la couleur et un scénario un peu plus fourni. La combinaison des deux en fait un film très long mais qui a le bénéfice d'être un minimum distrayant. Il est néanmoins parfois difficile de savoir si le réalisateur se moque de certaines choses, ce qui expliquerait la façon très rébarbative de les mettre en scène.
    stebbins
    stebbins

    507 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 26 avril 2012
    Certainement le film le plus démonstratif qu'il m'ait été donné de voir du grand Fassbinder, et l'un des plus ambitieux de sa copieuse filmographie. Si Prenez garde à la Sainte Putain est une oeuvre souvent passionnante elle met un certain temps à accorder sa sympathie au spectateur : exigeante sinon bégueule, elle témoigne d'un sens évident de la mise en scène et de la couleur. Certains éclats sont d'une insolente beauté, rincent littéralement le regard quand ils parviennent à éclipser la nature très hétéroclite de l'objet filmique. Il est donc question de mise en abîme, le cinéaste ébauchant un semblant de désespoir créatif à travers la figure caractérielle du metteur en scène. Malgré ses zones d'ombres le scénario parvient à pas mal intriguer, notamment grâce à l'épaisseur dramaturgique conférée à chaque personnage, et ce jusqu'au moindre figurant. En revanche lorsque Fassbinder cherche à singer Godard à la lettre - sans doute pour mieux lui rendre hommage, à travers les citations pléthoriques de son cinéma - son film devient relativement décevant voire factice. De l'auteur du Mépris R.W. Fassbinder reprend les ruptures de tons et la ténuité ludique des petits gestes ( un pouce gommant une grimace, jeux de cigarettes, discussions futiles en voiture comme en réception...), sans oublier l'emblème d'Alphaville incarné par Constantine... Et si Prenez garde à la Sainte Putain se démarque suffisamment du cinéma godardien pour éveiller l'intérêt les références sont parfois trop appuyées pour ne pas agacer. Un film aussi beau et complexe que poseur et tiède : semi-déception justifiée par un merveilleux titre augurant le chef d'oeuvre...
    Plume231
    Plume231

    3 928 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 1 novembre 2011
    Une oeuvre introspective où si Fassbinder ne joue pas lui-même le rôle du metteur en scène, laissant ce soin à Lou Castel d'assez loin le meilleur acteur de la distribution, ne s'épargne pas lui-même à travers ce personnage souvent odieux. Bon les problèmes sont que si les personnages du film s'ennuient la plupart du temps, le spectateur aussi et il n'est pas difficile de décrocher souvent, la direction d'acteurs souffre parfois d'une trop grande rigidité et certains caractères, même si c'est une oeuvre sur un groupe à savoir l'équipe de tournage d'un film, auraient mérité d'être approfondis. Un film donc pas facile à aborder mais d'un certain intérêt par le fait qu'il permet de montrer la vision qu'avait Fassbinder d'un tournage, de son équipe et aussi bien évidemment de lui-même.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 095 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 23 août 2011
    Sous ce titre magnifique, se cache un Fassbinder, il faut dire qu'il est je pense le réalisateur qui a les plus beau titres… C'est des titres qui donnent envie de voir ses films. Alors, ce film est assez énorme, j'ai pas compris grand chose, c'est un film dans lequel il ne se passe strictement rien, mais sur lequel il y a beaucoup à dire. Ce film est un spleen, mais pas un spleen de petits bourgeois, comme c'est à la mode à Hollywood actuellement, j'ai l'impression que c'est le spleen d'une certaine classe moyenne vu par elle même. On y parle de cinéma, c'est le sujet du film, mais pas que, et c'est là que le film devient passionnant, sous ces airs de rien, de long ennui des personnages, se cachent des scènes magnifiques, il est vrai que Fassbinder a un sens de l'esthétique, du cadre, et puis il met une musique populaire derrière, très douce, qui vient encore renforcer cet état inanimé des personnages, statiques. Ce qui est bien, c'est que dans le cadre il se passe parfois pleins de trucs en même temps, ce qui rend certaines scènes encore plus belles. Et le film est bourré de références, c'est très Godardien comme film. À un moment on entend les personnages parler français et dire "l'amour est plus froid que la mort", qui est le titre du premier film de Fassbinder, qui s'inspirait déjà de Godard (en partie), ce côté on cite un de ses propres films me fait penser à Godard, qui dans une femme est une femme fait voir à Belmondo à bout de Souffle, ou bien dans Pierrot le Fou à l'affiche du petit soldat… Peut-être que je divague ? et spécule, peut-être pas surtout, car on a Eddie Constantine, qui joue dans Alphaville de Godard. Et Fassbinder, fait mieux que ça, il lui fait jouer son propre rôle, de l'acteur qui doit jouer Lemmy Caution, le personnage principal d'Alphaville.
    Et ça c'est enivrant. Et le film en lui même transpire le Godard. Alors ce n'est peut-être pas la seule influence du film, je n'en sais rien, mais j'ai décelé celle là. Fassbinder est aussi un acteur plein de charisme, je ne dirai pas que le voir c'est comme voir Welles dans un film de Welles ou Godard dans un film de Godard, mais il y a un peu de ça, dans le côté jouissif que ça apporte.
    Après je pense que le film n'est pas forcément à mettre dans toutes les mains, c'est quand même très lent, le côté spleen se sent bien, mais j'ai pas l'impression que le film utilise le spleen pour se donner un petit côté branché, comme ça peut être le cas actuellement, ce qui me fait hérisser le poil lorsque je vois certains films. Mais ça reste un film très intéressant, avec je pense plusieurs niveaux de lecture.
    benoitparis
    benoitparis

    113 abonnés 1 277 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 octobre 2010
    Bon nombre de réalisateurs de films d'auteur se sont essayés au film de mise en abyme. Fassbinder le fait en mettant en scène une équipe de cinéma engluée dans un tournage qui part à la dérive et en installant tout un climat d'ennui et de désarroi existentiels (ce qui rappelle un peu "L'état des choses" de son compatriote W. Wenders). Un de ses atouts maîtres est sa parfaite intégration de la théâtralité dans son art cinématographique (on n'a jamais l'impression de théâtre filmé, alors que son dispositif est très théâtral). Il trouve l'équilibre entre un certain classicisme de départ et des scènes partant dans une forme de délire, ce qui en fait un de ses films les plus accessibles. Seul bémol : il y a peut être un peu trop de colère hystérique (ça finit par être artificiel).
    max6m
    max6m

    73 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 9 octobre 2009
    Comme d’autres avant lui (notamment Fellini, avec "8 ½"), Fassbinder réalise, avec "Prenez garde à la sainte putain", son film rétrospectif, voire introspectif, en utilisant la formule de la mise en abyme du cinéma. Le film dans le film permet à Fassbinder de se mettre lui-même en scène, en dédoublant son personnage, dans les rôles du producteur et du metteur en scène. "Prenez garde à la sainte putain" est alors également l’occasion pour Fassbinder de faire son autocritique, assez dure, en se présentant lui-même comme un personnage odieux, autoritaire, souffrant de graves troubles de la personnalité. Ce psychodrame a le mérite de créer son univers propre, habité de personnages excentriques et hystériques, tous plus ou moins déprimés, se livrant une guerre sentimentale perpétuelle, comme pour combler l’ennui existentiel qui semble les habiter. On peut y voir peut-être une critique d’une certaine bourgeoisie post-soixante-huitarde, incarnés par un groupe d’individus ayant abandonné ses "beaux" idéaux, incapables de s’y tenir, et dès lors livrés à un grand désarroi intellectuel et spirituel, les condamnant à la décadence... On pense aussi à "L’ange exterminateur" de Buñuel, et, dit comme ça, le film pourrait sembler intéressant. Mais il n’en n’est rien, malheureusement. "Prenez garde à la sainte putain" créé certes son propre univers, mais celui-ci est totalement clos, refermé sur lui-même, et nous sommes peu enclins à y pénétrer. On pourrait croire les personnages tout juste échappés de l’asile, nous manifestons fort peu d’intérêt pour leurs incompréhensibles petits tracas, et leur ennui finit par nous contaminer irrémédiablement. Et ce ne sont pas les qualités purement cinématographiques du film, insuffisantes, qui y changeront quoi que soit, même si la toute fin, avec la fameuse séquence principale du film dans le film, est assurément réussie. "Prenez garde à la sainte putain" est un film que l’on qualifiera aisément de "chiant". A regret d’ailleurs.
    BlindTheseus
    BlindTheseus

    305 abonnés 2 566 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 juillet 2009
    Indispensable; et plein de vérité.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 3 avril 2008
    Ce qui frappe tout particulièrement chez Fassbinder c'est cette aisance dans la mise en scène, ce don de gérer l'espace de façon circulaire, sans pour autant abandonner l'un ou l'autre des personnages. Le cinéaste allemand réalise une mise en abyme cinématographique, ses aléas sociaux lorsque les tracas surviennent. Car le cinéma - La Putain - est ici montré comme le déclencheur d'un mal-ambiant, d'une improbable vie en communauté. Par l'intermédiaire de ce rélisateur, en mal de réussite, à l'orgeuil excécrable, c'est un voyage au bout de l'ivresse et du désespoir qui s'installe. Les différences linguistiques, physiques et hiérarchiques donnent du corps à cet endroit maudit qu'est ce hall d'hôtel - que l'on peut à juste titre décrire comme une possible représentation de l'enfer, dixit le chroniqueur François Begaudeau - dont le climat musical met à l'aise avant de ne laisser place au silence, lui ravageur. Comme Godard ou Fellini, Fassbinder a son film sur la face cachée du septième art.
    Carne
    Carne

    83 abonnés 1 116 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 décembre 2007
    Premier film de Rainer Werner Fassbinder que je découvre, Prenez Garde A La Sainte Putain m’a mis une grosse claque.
    Etant une réflexion sur le cinéma à travers un tournage ultra chaotique (le sexe, l’alcool, les caprices de stars,… prenant le pas sur le tournage du film en lui-même), ce dixième long-métrage de Fassbinder débute de manière très réaliste (un rythme lent ponctué de dialogues nombreux très réussis) pour finir en une œuvre picturale frôlant le surréalisme grâce à un enchaînement rapide de séquences graphiquement incroyables et bourrées de symboliques.
    Et c’est justement cette dernière partie qui rende cette œuvre unique et qui la distingue clairement de La Nuit Américaine de François Truffaut qui partait sur une idée de base très proche.
    Un très bon film !
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    242 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 septembre 2007
    Dans le cinéma, ainsi que dans tout art, il y a un exercice typique dans l’OEuvre des auteurs, c’est la mise en abyme de leur métier. Rainer Werner Fassbinder dans «Warnung vor einer heiligen Nutte» (Allemagne, 1970) projette son cinéma et la singularité ascétique de son esthétique dans le cadre d’un tournage. Fassbinder influe son traitement de la mise en abyme en ébranlant les rapports, les mettant en exergue par leur difficile accomplissement. Le facteur humain nécessaire à l’exécution d’un film devient là la crise. D’autant plus que Fassbinder déroule sa parabole dans un huis-clos oppressant. Les visages las ou crispés, les corps qui s’enchevêtrent indifféremment, les tensions survenant sans préambules, l’homosexualité totale qui semble envahir chacun des protagonistes masculins et la prostitution des techniciennes sont les témoins de la perversion de cette sainte qu’est le cinéma. Regard désabusé de Fassbinder sur le cinéma, pour lui la sacro-sainte idée du tournage n’est que le leurre de son état catastrophique. Message préventif, Fassbinder plonge davantage son œuvre dans la rigidité en usant parcimonieusement des musiques. Absentes lors des scènes cruciales et latentes lorsqu’il s’agit de magnifier l’image et de plonger les protagonistes dans une ambiance, Fassbinder use du son efficacement, l’emploi ou non de la musique embrouillant nos perceptions des scènes. Outre, la mixité tant des musiques que des images picturales figure le caractère hybride du titre («la sainte putain»). In fine, tout le film, étant l’exercice de la difficulté à faire un de la pluralité, converge vers la réalisation de deux scènes, miroir de l’œuvre qui s’est construite devant nous. S’ouvrant sur un récit oral, s’achevant sur un récit imagé, Fassbinder ouvre là la critique du cinéma en tant qu’activité mais aussi en tant que moyen d’expression.
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