Sous ce titre magnifique, se cache un Fassbinder, il faut dire qu'il est je pense le réalisateur qui a les plus beau titres… C'est des titres qui donnent envie de voir ses films. Alors, ce film est assez énorme, j'ai pas compris grand chose, c'est un film dans lequel il ne se passe strictement rien, mais sur lequel il y a beaucoup à dire. Ce film est un spleen, mais pas un spleen de petits bourgeois, comme c'est à la mode à Hollywood actuellement, j'ai l'impression que c'est le spleen d'une certaine classe moyenne vu par elle même. On y parle de cinéma, c'est le sujet du film, mais pas que, et c'est là que le film devient passionnant, sous ces airs de rien, de long ennui des personnages, se cachent des scènes magnifiques, il est vrai que Fassbinder a un sens de l'esthétique, du cadre, et puis il met une musique populaire derrière, très douce, qui vient encore renforcer cet état inanimé des personnages, statiques. Ce qui est bien, c'est que dans le cadre il se passe parfois pleins de trucs en même temps, ce qui rend certaines scènes encore plus belles. Et le film est bourré de références, c'est très Godardien comme film. À un moment on entend les personnages parler français et dire "l'amour est plus froid que la mort", qui est le titre du premier film de Fassbinder, qui s'inspirait déjà de Godard (en partie), ce côté on cite un de ses propres films me fait penser à Godard, qui dans une femme est une femme fait voir à Belmondo à bout de Souffle, ou bien dans Pierrot le Fou à l'affiche du petit soldat… Peut-être que je divague ? et spécule, peut-être pas surtout, car on a Eddie Constantine, qui joue dans Alphaville de Godard. Et Fassbinder, fait mieux que ça, il lui fait jouer son propre rôle, de l'acteur qui doit jouer Lemmy Caution, le personnage principal d'Alphaville.
Et ça c'est enivrant. Et le film en lui même transpire le Godard. Alors ce n'est peut-être pas la seule influence du film, je n'en sais rien, mais j'ai décelé celle là. Fassbinder est aussi un acteur plein de charisme, je ne dirai pas que le voir c'est comme voir Welles dans un film de Welles ou Godard dans un film de Godard, mais il y a un peu de ça, dans le côté jouissif que ça apporte.
Après je pense que le film n'est pas forcément à mettre dans toutes les mains, c'est quand même très lent, le côté spleen se sent bien, mais j'ai pas l'impression que le film utilise le spleen pour se donner un petit côté branché, comme ça peut être le cas actuellement, ce qui me fait hérisser le poil lorsque je vois certains films. Mais ça reste un film très intéressant, avec je pense plusieurs niveaux de lecture.