Bye Bye Love
Un film de Peyton Reed
Sur de faux airs rétros, Bye Bye Love use d’un charme invariablement rafraîchissant. Car le film ne se contente pas de faire référence aux grandes comédies romantiques américaines du début des années soixante.
En mettant en scène Bye Bye Love, Peyton Reed a bien évidemment rendu hommage au genre, tout en allant plus loin. Lors de l’écriture, les scénaristes Eve Ahlert et Dennis Drake avaient en effet tous deux à l’esprit les comédies réunissant le tandem mythique que formaient à l’époque Doris Day et Rock Hudson. De concert avec le réalisateur, ils décidèrent donc de revisiter l’atmosphère de films tels que Confidences sur l’oreiller (Michael Gordon, 1959), Un pyjama pour deux (Delbert Mann, 1962) et Ne m’envoyez pas de fleurs (Norman Jewison, 1964). En remettant au goût du jour leur projet –car actualisé sous l’éclairage de ce nouveau millénaire- les trois comparses donnèrent vie à un mélange sympathique et singulier.
Dans Bye Bye Love, il est question de quiproquos sentimentaux, de relations contradictoires et de manipulations en tout genre. Au milieu de décors kitsch, chargés, et de couleurs vives, l’histoire renvoie à la guerre des sexes, sur fond de standards très jazz. Le spectateur y fait la connaissance de Barbara Novak, devenue le plus célèbre auteur de cette année 1962, grâce à la publication de son sulfureux roman « l’Amour non merci ». L’écrivain y fait l’apologie de la lutte pour la liberté des femmes, l’émancipation passant –selon elle- par le refus de l’amour, un plan de carrière clairement défini, ainsi qu’un libre accès aux joies du sexe. Le succès, phénoménal, étant au rendez-vous, Barbara Novak va rapidement s’attirer les foudres d’un brillant journaliste, Catcher Block, play-boy impénitent de son état. En effet, celui-ci n’aura dès lors qu’une unique idée fixe en tête, celle de donner une petite leçon au nouvel écrivain à la mode. Pour parvenir à ses fins, Catcher Block mettra au point un stratagème devant lui permettre de faire la conquête de cette nouvelle féministe alors sur toutes les lèvres. Il s’inventera une identité farfelue, celle d’un astronaute vertueux, faisant de sa petite personne un être aussi irrésistible que rare. Mais dans l’enchaînement qui s’ensuivra, ne risque-t-il pas d’être pris à son propre piège ?
Si Bye Bye Love peut-être considéré comme le sacre d’une époque, alors que dire de l’interprétation ! En adoptant un jeu parfois outrancier, à la limite de la caricature, les comédiens rendent un vibrant hommage aux incarnations de leurs illustres prédécesseurs. Dans un jeu tout en minauderie, Ewan Mac Gregor et Renée Zellweger s’en donnent visiblement à cœur joie. Très à l’aise dans leurs rôles respectifs, les artistes alternent moues boudeuses, yeux de velours et regards papillonnants, autant d’expressions faisant partie de stratagèmes qui évoluent. Cette façon de surjouer donne au film son charme, lequel se trouve renforcé par une excellente bande-son.
La musique, les décors et les costumes, contribuent ainsi chacun grandement à la qualité de l’ensemble. Extirpés de la panoplie originelle du genre (tout comme le personnage absolument indispensable du meilleur ami, hilarant sous les traits de David Hyde Pierce), ils promettent au spectateur de passer un agréable moment au beau milieu d’un univers décalé et pourtant tellement proche du nôtre.