Avis sur Des terroristes à la retraite

A Paris, pendant l'occupation allemande, au début des années 40, il n'y avait pas beaucoup de résistants, volontiers assimilés à des terroristes durant cette période de collaboration.
A la libération, ils reçurent le statut de héros de la résistance. Pas tous.
Ce documentaire exemplaire, s'attache à nous remémorer l'action essentielle de ces "oubliés" de l'"armée des ombres".
Ils sont essentiellement juifs, immigrés et communistes. Ce qui, à cette époque les força à se tourner tout naturellement vers la résistance. Obligés de vivre dans la clandestinité de par leur condition, ayant perdu tout ou partie de leur famille, ils durent s'armer d'un grand courage pour affronter le démon, autrement dit, l'idéologie nazie.
Mais pour redorer un blason quelque peu terni par ces années honteuses, il fallait que la France fasse croire à son peuple qu'elle avait été libérée par des patriotes bien de chez nous, avec des patronymes à consonnances franchouillardes. Surtout pas de ces noms imprononçables et trop lointains. On les pria donc de rester en retrait quant aux honneurs, et de reprendre leurs modestes activités d'avant-guerre.
Les documentaristes ont retrouvé quelques uns de ces "rescapés", et leur donne enfin la liberté de témoigner. Et ce qui frappe, à la longue, c'est l'humilité dont ils font preuve. Loin d'arborer des visages fiers, ou de tenir des propos prétentieux, ils retracent leur passé, sans oublier leurs peurs, leur amateurisme relatif aux "actions", la dureté de la vie clandestine, ou l'absence et le manque des proches. Le dernier témoignage clôturant le documentaire, spoiler: de cet homme ordinaire, travaillant derrière sa machine à coudre ordinaire, dans ce petit atelier ordinaire, est particulièrement bouleversant,
et fait encore monter les larmes en y pensant.
Loin de tous ces biopics clinquants, ravageant souvent des moments forts de l'histoire humaine, ce documentaire exceptionnel, visionné pour la deuxième fois sur la chaîne Arte, m'a, à nouveau, complètement retourné. spoiler: