Amateur des vieux polars français et connaissant au final assez peu de films avec Alain Delon, je me suis fait une joie d’enregistrer lors de son passage à la télévision « Pour la peau d’un flic » que je n’avais jamais vu avec en prime un Alain Delon multifonction qui prend la casquette d’acteur, de réalisateur, de scénariste et de producteur. Très vite, je me suis amusé devant cette histoire. C’est très caricaturale mais en terme de divertissement, cela fonctionne bien. L’humour et l’intrigue policière font que j’ai passé un bon moment même si on peut regretter un dosage un peu maladroit. En effet, malgré des dialogues sympathique, l’humour est parfois un peu trop omniprésent. On sent la volonté de faire de bonnes punchlines mais même si cela prête à sourire, on est pas dans du Audiard et Alain Delon est loin d’arriver à la cheville de l’Inspecteur Harry. Résultat, la comédie prend parfois le dessus au détriment du polar dont la tension se casse. Comme si cela ne suffisait pas, l’intrigue use de grosses facilités pour avancer à l’image de sa conclusion que je trouve un brin grossier dans son traitement. L’ensemble s’avère ainsi aussi efficace que sans surprises. A l’écran, Alain Delon (Choucas) se fait plaisir. Tout est fait pour le mettre en lumière. C’est lui le héros, c’est lui qui distribue les cartes et même lorsqu’il se comporte comme un parfait misogyne, c’est toujours lui qui a le bon rôle dans cette histoire. On n’est jamais mieux servi que par soit même et l’acteur se sert ici très bien. Heureusement, le reste du casting réussi un peu à exister. Du moins Michel Auclair (Haymann / Tarpon) dont le personnage m’a bien plu ainsi qu’Anne Parillaud (Charlotte), toujours dans la surenchère mais qui apporte un peu de fraîcheur dans ce trio même si Alain Delon n’hésite pas à utiliser le physique de l’actrice pour se faire plaisir gratuitement dans des scènes qui n’apporte pas forcément grand-chose. Pour le reste, on a des « méchants » quasiment inexistant, des victimes que l’on sous-exploite et des policiers caricaturaux. Parmi les quelques passages éclairs, je retiens surtout les apparitions furtives de Mireille Darc (La grande sauterelle), Brigitte Lahaie (L’infirmière de l’institut) ou encore Etienne Chicot (L’un des flics ricaneurs). Qu’il soit plus ou moins exploité, une classe se dégage de ce casting et cela apporte un réel plus au long métrage. Pour sa première réalisation en solitaire, Alain Delon s’en sort pas trop mal. A l’image de son scénario, on est dans la caricature (suffit de voir la scène d’ouverture) mais ça fonctionne, cela colle avec l’atmosphère générale. J’aime beaucoup en tout cas cette ambiance de polar français très années 80. Ce n’est peut-être pas ce qui se fait de mieux mais j’aime ça. Les décors, les costumes, les voitures, les paysages très vieille France donne un certain charme à cette oeuvre. Le film se laisse agréablement suivre et reste rythmé grâce à un montage certes simpliste mais qui va à l’essentiel. La musique est sympa aussi malgré parfois quelques titres répétitif et un choix musical qui n’aide pas toujours à donner du sérieux à cette histoire. « Pour la peau d’un flic » est imparfait. C’est un long métrage qui comporte pas mal de maladresses à l’image de sa star qui se met tellement en avant qu’il devient une caricature de lui-même. Mais qu’importe, le film reste un très bon divertissement qui m’a fait passer une très bonne soirée. J’aurais aimé un polar plus dur, plus intense, moins comique mais en l’état, je suis loin de trouver tout ceci détestable et je le reverrais même avec plaisir.