"J'ai choisi ceux qui avaient l'énergie nécessaire pour incarner leur personnage, dit Fabian Bielinski. Je trouve très difficile de diriger un acteur s'il n'a pas un lien naturel avec son personnage. Je crois que tous les protagonistes principaux du film ressentent ce lien avec celui qu'ils interprètent."
Outre les nombreux prix du public pour le meilleur premier film, meilleur scénario ou meilleur réalisateur, dans des festivals internationaux, Neuf Reines remporte le Grand Prix au Festival du film policier de Cognac 2002.
Le divertisssement et le commentaire social sur l'Argentine sont intimement liés dans le film même si le réalisateur affirme que sa priorité a été de "raconter de la manière la plus habile, la plus ingénieuse, la plus divertissante possible" une histoire. Ainsi, à la duperie des escrocs s'ajoute celle du pouvoir, dont la conséquence est la crise économique du pays.
Le réalisateur à cherché pendant deux ans un producteur susceptible de financer son script, mais sans succès. Il participe alors à un concours de scénarios organisé par Patagonik Film Group. Il gagne parmi les 350 scénarios soumis et le film a pu se faire.
Toute sa vie, Fabian Bielinsky s'est interessé à l'univers facsinant des petits escrocs de la rue, car ils usent plus d'ingéniosité psychologique que de violence physique pour obtenir ce qu'ils veulent de leurs victimes. Il a rassemblé tout un ensemble d'anecdotes glanées auprès de gens qui ont fait l'experience d'une escroquerie, et s'en est servi dans le développement de l'histoire.
"J'aime manipuler le public pour créer un lien particulier avec lui, affirme le cinéaste. À mon sens, faire un film c'est emmener les gens tout au long d'une histoire. On choisit ce qu'on va leur montrer, l'ordre dans lequel on va le faire. Leur vision dépend de nous. Faire croire au spectateur, le tromper un peu, c'est aussi se révéler en tant que narrateur. Le public vit alors le film à deux niveaux : à celui de l'histoire elle-même, mais aussi à travers la personnalité de celui qui la lui raconte.
Le credo de Fabian Bielinsky a été de créer une sensation d'extrème réalisme, quite à perdre en beauté visuelle ce qu'il gagnerait en crédibilité. Ce part-pris lui a semblé nécessaire pour contrebalancer une certaine artificialité de l'histoire par des images non embellies artificiellement. Dans cette visée, certaines scènes dans la rue ont été tournées en caméra cachée. On voit ainsi autour des personnages de vraies personnes, avec des attitudes authentiques, dans les vraies rues.
Ce film est présenté au Cinéma de la plage au Festival de Cannes 2024.