Luis Mandoki est un peu passé de mode, et on ne peut pas dire que des films très mal reçus, comme ce Mauvais piège n’y ont pas contribué. Bon, sans être une grande réussite du thriller, Mauvais piège n’est pas si nul.
Il bénéficie déjà d’une interprétation très attrayante, certes des premiers rôles, mais aussi des seconds rôles plus inattendus. Celle qui tire son épingle du jeu est sans nul doute Charlize Theron, dans le rôle le plus complexe, avec les émotions les plus variées à retranscrire, et elle se débrouille fort bien. C’est surement celle qui retient le plus l’attention, face à un Kevin Bacon qui endosse le genre de rôle qu’il aime bien, et qui à ce niveau s’avère être un métronome. Il s’amuse visiblement, mais est à la limite parfois d’en faire un peu trop, emporté sans doute par l’enthousiasme. Toutefois les autres acteurs ne déméritent pas, avec des surprises, notamment du côté de Courtney Love, actrice la moins confirmée du lot.
Le scénario est souvent critiqué pour sa fin. Le problème de la fin c’est qu’elle est un peu expédiée. Beaucoup de chose se recoupent dans le dernier quart d’heure, et l’impression que c’est balancé trop vite est prégnante. C’est d’autant plus surprenant que le film en lui-même recèle des longueurs. Mauvais piège est sympathique à suivre, mais il y a des scènes qui s’étirent au-delà de la normal, et il y a parfois le sentiment que le film en fait des montagnes de pas grand-chose. Sachant qu’il y a quand même quelques facilités scénaristiques un peu intempestives. Mais enfin, Mauvais piège n’est pas désagréable en soit, ni antipathique, en choisissant notamment d’éviter un manichéisme trop affirmé.
La réalisation est en revanche discutable. Mandoki là en fait clairement trop. Entre les cadrages ultra-serrés à outrance, les mouvements de caméras alambiqués (il y a une discussion entre Theron et Bacon qui vaut son pesant de cacahuètes), le bafouillage dans les scènes d’action, Mandoki n’est clairement pas à l’aise avec ce film, cela se ressent, et n’est pas du tout dans son élément. Je comprends qu’il se soit réorienté après ce métrage vers d’autres horizons. Visuellement le film ne casse d’ailleurs pas vraiment des barreaux. Les décors restent un peu convenus, mais à la limite cela se comprend, et la photographie n’est pas toujours très heureuse. J’ai le sentiment que le film n’a pas trop su choisir une esthétique particulière, et a simplement essayé, sans grand succès, de donner un petit cachet luxueux aux images sans grande réflexion sur quoi en faire. Dommage. Cette fadeur s’est d’ailleurs transmit à la bande son, très quelconque.
En fait, Mauvais piège n’est pas un métrage désagréable, porté par sa très bonne interprétation, et par une histoire qui s’avère assez plaisante. Là où le bât blesse, c’est que ce film passe, sans plus, et donne le sentiment de ne pas être totalement abouti, totalement maitrisé, avec des cafouillages assez bêtes. Alors, mon sentiment est que compte tenu du budget, du casting, je ne peux pas donner la moyenne. La réalisation est clairement passée à côté, visuellement c’est trop timoré, la bande son n’est pas au rendez-vous, et tout n’est pas parfait dans l’intrigue, mais Mauvais piège n’est pas une catastrophe. Je donnerai 2.