Avis sur Joyeux Garcons

Eh oui, même sous le règne effroyable de Staline, on pouvait rire de temps en temps. C'est en tous les cas ce que prouve "Les Joyeux Garçons", comédie musicale totalement débridée réalisée par Grigori Alexandrov (qui donnera trois ans plus tard une autre comédie musicale tout aussi débridée "Volga Volga", le film favori du "Petit père des peuples" !!!) où il dirigeait son épouse, la pétillante et énergique Lioubov Orlova (l'actrice favorite du "Petit père des peuples", encore !!!).
Bien sûr, propagande oblige et surtout obligée, il y a un fond socialo-marxiste avec une dénonciation de la bourgeoisie, montrée comme arrogante et incompétente, mais cette propagande est très vite engloutie sous la frénésie burlesque de l'ensemble ; frénésie burlesque qui n'a rien à envier au plus frénétique des Marx Brothers.
Des animaux de ferme, dont des vaches qui se mettent au garde à vous quand on le leur ordonne (oui, ça va jusque-là !!!), qui saccagent une réception mondaine, séquence où Alexandrov ne se permet aucune limite ce qui ne fait que la rendre encore plus jouissive, les membres d'un orchestre qui se battent avec leur instruments de musique, ces mêmes membres qui se déplacent en corbillard avant de jouer un concert pour le moins très humide. Bref un gros délire agréable de bout en bout qui montrait que même dans les pires périodes de leur histoire, les russes savaient rire et savaient faire rire.

Le titre est débile, mais quelle surprise ! Un OVNI dans la production soviétique stalinienne. Car c'est c'est bien d'une comédie musicale complétement loufoque dont il s'agit : Un mélange déjanté de burlesque à la Duck Soup, de surréalisme et de Ray Ventura. C'est très efficace et les deux actrices féminines la brune Maria Strelkova et la blonde Lioubov Orlova (dont on chuchote que Staline lui-même, mais ce sont des choses qui ne nous regarde pas…). Un régal, une perle rare !

Il y a certainement un intérêt historique à voir ce qui faisait rire les Soviétiques dans les années 1930...Mais ce n'est hélas vraiment, vraiment, pas fin...