Avis sur All Ladies do it

Franchement, l’adaptation de Mozart par Tinto Brass, ca faisait peur, et le résultat est à la hauteur de nos malheureuses espérances : décevant. Bon, personnellement je ne suis pas à cheval sur la fidélité au matériau originel, et cela entre peu dans ma note, le problème c’est juste que Cosi fan tutte est un mauvais film.
Il commence pourtant très bien dans les premières trente minutes, mais sur la longueur c’est un supplice (triste pour un film érotique).
L’interprétation est emmenée par Claudia Koll. Sincèrement elle s’en sort bien. Elle livre une prestation convaincante, même si elle n’a pas grand-chose à faire. Son personnage n’a qu’une envie constante, faire l’amour avec n’importe qui, alors forcément le travail de composition est limité. Par ailleurs le reste de l’interprétation est d’une profonde nullité. En dehors de Koll, rien ne ressort, les acteurs et actrices étant d’une totale transparence, et jouant des personnages sans guère plus de relief que celui de Koll.
Le scénario aurait pu être sympathique. Même en s’affranchissant de l’œuvre originale, Brass aurait pu donner un film érotique franchement humoristique, ou un film engagé comme il a pu parfois le faire. Mais non. Cosi fan tutte est un film érotique avec une intrigue à deux sous, se contentant d’enchainer scène érotique sur scène érotique. Il n’y a strictement rien d’autre dans ce film, qu’on se le dise. Elles sont par ailleurs assez décousues, passant d’un style burlesque (la scène d’ouverture peut y faire penser) à un style plus scabreux voir violent par moment. L’ambiance du film est du coup difficilement cernable, ce qui n’arrange pas les choses. Du coup, la première demi-heure est enlevée, assez séduisante, mais passé ce cap le film s’enlise, se répète, n’avance pas, et j’ai été obligé de faire une pause avant de visionner les vingt dernières minutes tant le film tire en longueur.
Sur la forme, c’est loin d’être satisfaisant. Franchement j’ai regardé à deux fois pour vérifier que le film daté bien de 1992. Il parait au moins dix ans de plus tant la photographie est moyenne. Les décors eux aussi font plus années 70 qu’années 90, mais c’est peut-être voulu, donc je ne dirai rien là-dessus. A noter que les décors sont parfois originaux, avec notamment une habitation transformée en musée de l’érotisme assez curieuse à voir (peut-être que ca donnera des idées déco à certains !). La mise en scène de Brass n’est pas mauvaise parfois, et surtout au début en fait. Curieusement il y a de bonnes choses dans la première partie (notamment une séquence dans un bus bien fait), mais alors après c’est la débâcle. Peut-être las de filmer la même chose, Brass semble expédier les scènes érotiques, qui n’ont plus rien d’érotique du tout d’ailleurs. On dirait presque qu’il nous fait un documentaire, avec un travail qui ne dégage aucun sentiment, aucune sensation. Sur la fin ca devient d’une grande médiocrité. Musicalement enfin, la bande son fait elle aussi beaucoup plus vieille. Ma foi elle n’est pas mauvaise, et c’est le seul aspect que je jugerai.
En clair, Cosi fan tutte n’est pas nul, mais très faible. Il est clairement sauvé de la médiocrité totale par sa première partie, qui aurait pu faire un bon moyen métrage. Le vrai problème c’est qu’il se repose quasi uniquement sur ses scènes érotiques. A la limite, pourquoi pas, il y a bien des films qui ne se reposent que sur leurs acteurs ou que sur les scènes d’action. Le souci c’est que Brass a privilégié la quantité à la qualité, a visiblement expédié plusieurs scènes, et ne s’est pas préoccupé de leur donner une cohérence. Elles sont introduites n’importe comment, et elles passent du coq à l’âne, nous montrant un numéro à la Dita van Teese, puis juste après une scène de porno soft, puis une scène qui pourrait presque sortir d’un film de Bigas Luna. Ca donne l’impression d’un gigantesque foutoir. En clair, même pour les amateurs de cinéma érotique, ce Cosi fan tutte est largement dispensable, sauf si vous voulez placer dans une conversation que vous avez vu toute la filmographie de Tinto Brass.

Parfois érotomanes, complaisants sinon mensongers - surtout pour les derniers - , les films de Tinto Brass se laisse voir pour certains comme par exemple & bien sûr " Qui travaille est perdu " , surtout quand on sait que la plupart ne seraient de toute façon & tout simplement pas produits. "La Boîte à Fantasmes" et ce film relèvent d'une autre histoire...