On pourra critiquer la télévision mais encore une fois, c’est grâce à ce support que j’ai pu découvrir « Les sorcières de Salem », un film dont je n’avais jamais entendu parler (malgré sa restauration – très bonne au passage – en 2017 par Pathé), et que j’ai pu voir grâce à une diffusion sur Arte. Plongeant dans le fanatisme dangereux que peut provoquer la religion, j’ai globalement bien aimer le traitement de cette histoire. Surpris par l’absence de fantastique, ce drame qui montre comment en fonction des idées des uns et des autres ont peut manipuler des masses est très intéressant. Le scénario possède certes quelques longueurs mais il a su me captiver dès les premières minutes. Le côté théâtral se fait pas mal ressentir (surtout avec l’interprétation du casting) mais ce scénario de Jean Paul Sartre adapté de la pièce d’Arthur Miller éponyme est vraiment très bien écrit. La distribution est également très bonne et porté par un trio très convaincant. Yves Montand (John Proctor) dose bien son jeu tout en apportant énormément à travers son regard. A ses côtés, Simone Signoret (Elisabeth Proctor) signe une performance très touchante. Son personnage est distant mais on ne peut s’empêcher d’avoir de l’empathie pour cette femme qui a juste du mal à exprimer ses émotions jusqu’au final très émouvant. Quant à Mylène Demongeot (Abigail Williams), elle sort du lot en nous envoûtant dans sa froideur. Avec sa prestation glaciale, elle nous prouve que la sorcellerie peut avoir bien des visages. Maintenant, si le casting est bon, c’est quand même dommage que l’on ressente très fortement l’aspect français de cette distribution. Cela se ressent d’ailleurs également dans la réalisation de Raymond Rouleau. On a beau nous le répéter à plusieurs fois, je ne me suis pas toujours senti à Salem avec des personnages aux origines anglaises et certains accents n’arrangent pas les choses. C’est d’ailleurs sans doute ce qui m’a le plus dérangé, cette ambiance française que je ne m’attendais pas à trouver là. J’ai même réussi à faire abstraction de la bande originale de Hanns Eisler dont les choix musicaux (surtout au début) ne colle pas trop avec les propos à mes yeux. Pour le reste, c’est parfait. On exploite très bien les regards des acteurs, la photographie est belle avec de beaux jeux de lumières, les costumes m’ont convaincus et j’ai même senti par moment une certaine oppression dans la découverte de cette communauté. Peut être un peu long dans sa durée, la tension palpable de bout en bout fait que le film reste néanmoins rythmé. Quoiqu’il en soit, je ne regrette vraiment pas d’avoir découvert « Les sorcières de Salem ». Avec une très bonne restauration du son et de l’image, j’ai découvert un long métrage intéressant et prenant qui vaut réellement le détour.