Airport est un film de qualité, un film catastrophe qui saura séduire aujourd’hui spécialement car il a pris le chemin du réalisme, de l’authenticité, et du coup, même avec les années il n’a pas foncièrement pris du plomb et il n’est pas devenu si kitch que cela.
Le film affiche un casting de haute volée, c’est indéniable, et pour cela il peut être une curiosité. Globalement de très bons interprètes à la hauteur de ce qu’il y a sur le papier. Si les rôles principaux sont excellents, je m’attarderai tout de même sur les interprètes moins connus qui finalement tirent plus souvent la couverture à eux qu’on ne pourrait le croire. Helen Hayes est excellente par exemple, et Van Heflin impressionne dans sa prestation de désespéré près à faire n’importe quoi. Le film s’appuie énormément sur ses interprètes, c’est évident et leur donne beaucoup de place, et on peut le comprendre car si la première partie reste acceptable malgré ses longueurs, c’est bien grâce à eux.
En effet, le film se divise en deux parties : une au sol, partie d’exposition très longue, et l’autre dans les airs où l’on rentre dans le vif du sujet. La première partie se traine vraiment parfois, allant de dialogues en dialogues, présentant des tas de personnages. Ce n’est pas mauvais en soi, car les acteurs font leurs numéros avec conviction et talent et les dialogues sont affutés, n’hésitant pas à lorgner vers de l’humour bienvenu, mais c’est clair que c’est très long, et parfois peu utile. On se demande vraiment quand on va rentrer dans l’histoire, et cette attente pourra décourager les moins tenaces. La deuxième partie se remue plus, mais il ne faudra nullement attendre de vrais rebondissements ou de grosses scènes d’action. Airport, il faut le savoir, n’est absolument pas un film spectaculaire, et c’est presque une pièce de théâtre finalement. Un parti-pris respectable mais qu’il faudra apprécier pour aimer vraiment. A mon sens Airport séduira surtout par son souci de réalisme, d’authenticité, son sens du détail, mais aussi par une vraie finesse pas forcément débarrassée de quelques clichés du genre (mais bon, Airport était pionnier à l’époque, ce n’est pas sa faute si on l’a copié à outrance). A souligner aussi que le film aborde pas mal de sujets sociaux importants à l’époque (parfois toujours d’actualité) en filigrane, et c’est intéressant.
Visuellement c’est bien, spécialement grâce à un budget correct. Des décors authentiques et réussis, une belle photographie, Airport est un film élégant et vrai, qui profite d’une mise en scène convaincante de Seaton. Si celui-ci abuse un peu du procédé de fragmentation de l’écran, jusqu’à en devenir parfois cocasse, reste qu’il donne assez d’allant à sa réalisation, et qu’il fait quelques petits miracles dans l’espace clos de l’avion. J’ai bien aimé son travail, efficace indéniablement. A noter aussi une bonne bande son. Comme je l’ai dit peu de scènes spectaculaires, donc je ne m’étendrai pas trop là-dessus, et je dirai simplement que le film recourant fort peu aux effets visuels, il n’a pas pris une ride en la matière.
En conclusion Airport est un film catastrophe réaliste que je recommande vraiment si vous recherchez avant tout réalisme et véracité dans un film de ce genre plutôt que le spectacle. A mon sens le film aurait malgré tout vraiment gagné à revoir les priorités dans la partie exposition qui se traine trop, et il aurait pu en effet être un poil moins prosélyte à l’égard de Boeing ! Reste que le défaut principal de ce film c’est son rythme placide, mais ce n’est pas suffisant pour entamer significativement ma note. 4