Il serait facile de limoger sur la place publique Terreur dans la nuit. Parce que le film est d'une qualité tout à fait discutable, mais c'est un film que j'ai envie de défendre pour plusieurs raisons.
Ce qui m'a intrigué tout au long du film, ce n'est pas vraiment les mésaventures d'Elizabeth Taylor cloîtrée dans sa maison, mais plutôt celle d'un film qui est un pêle-mêle assez bizarroïde et qui lui donne une étrangeté intéressante.
Je ne parle pas simplement de son postulat de base, celui de mettre une énorme star hollywoodienne dans un film d'horreur (qui n'étaient pas - et qui ne sont toujours pas - les films où on imagine les stars s'aventurer), même si d'autres stars ont pu parfois essayer (Audrey Hepburn dans Seule dans la nuit par exemple - et le film était vraiment très bon au passage, donc ça peut marcher ce genre de rencontre).
Non, je parle d'autres choses. Pour rester sur son actrice principale, c'est étrange de voir comment le réalisateur demande à Taylor de surjouer, de jouer la Taylor mode "hystérique" (et Taylor sait très bien jouer les filles en panique sans surjouer comme elle le fait dans ce film, dans Soudain l'été dernier de Mankiewicz elle est excellente), et de laisser les autres personnages dans une sorte de calme - pour ne pas dire de transparence - de chaque instant. Cette hystérie démesurée de la performance de Taylor est un peu ce qui habite le film à mon avis, qui est transcendé par des moments où tout d'un coup tout ce que le film nous avait habitué à voir est perturbé par des éléments - et c'est bien sur ça que je veux insister.
Un autre exemple, le film d'horreur ne montre absolument rien pendant 1h30. En gros on ne voit rien, on ne sait rien, il ne se passe rien ou du moins rien de visible. Et y a une séquence où la violence surgit brutalement, de façon soudaine, inattendue et de façon déchainée. C'est complètement fou, c'est comme si pour une scène le metteur en scène avait décidé de faire un film gore, et tout le reste un film qui serait un film de tension psychologique (bon, n'exagérons pas c'est pas non plus Rosemary's baby hein, mais vous voyez ce que je veux dire).
Et c'est exactement la même chose en terme de mise en scène. Elle n'a aucune inventivité visuelle (et pourtant il y avait des choses à faire avec cette maison voisine qui est très intrigante) mais le film devient fantastico-gothique lors des séquences de rêve. Encore une incursion d'une folie qui survient comme prévenir.
On est, dans ce film, balancé comme ça, sans s'y prévenir, du calme à la tempête, aussi bien sur le jeu des acteurs, que sur la mise en scène ou que sur l'écriture du scénario. C'est un truc que j'avais rarement vu et le film a plein de défauts, vraiment, mais avec tout ça je trouve qu'il en ressort un film étrangement étrange.