Du Rififi à Paname est un honnête polar emmené par un Gabin convaincant même s’il nous sert un numéro bien connu. L’acteur est le pilier de ce film carré, efficace, qu’il porte aux côtés d’interprètes solides également et internationaux. On retrouvera notamment un excellent duo Fröbe/Tiller, qui apporte notamment une touche d’émotion et de profondeur au métrage. Mireille Darc, Claude Brasseur ont de petits rôles un peu anecdotique, Claudio Brook, acteur mexicain, assurant le face à face avec Gabin ! Il impose un certain charisme, une belle allure, il colle très bien à son rôle auquel il apporte, tout en restant sérieux, une petite touche de légèreté bienvenue !
Ce casting de qualité sert un film proprement écrit quoiqu’un peu brouillon par moment. Le rythme est solide, le côté international est appréciable, l’enquête passe parfois au second plan au profit des personnages, mais j’ai trouvé cela plutôt plaisant. Pour ma part, le film lorgne vers le film de gangster mais aussi le film d’espionnage, de filature, ce qui crée un mélange globalement plus divertissant et plus original que la moyenne des polars français de cette époque. Après, c’est parfois un peu facile, il y a beaucoup de choses et tout ne paraît pas exploité autant que ça aurait pu, mais franchement, ce serait mentir que de dire que je n’ai pas pris du plaisir à suivre ce film jusqu’à sa conclusion appréciable car un peu surprenante.
Visuellement, c’est bien fait. De la Patellière livre un métrage correct. On le sent pas très à l’aise dans l’action qui est souvent subreptice et vite expédiée, mais pour le reste, son film de gangsters, très connoté à l’américaine dès l’ouverture, fonctionne. Les décors sont beaux, variés puisque le film va à Munich, à Tokyo, la photographie est élégante et la bande son est de la même trempe. Le film fait luxueux, classieux, et la mise en scène, un peu lente donne un côté velouté au métrage.
Pour ma part, ce film est solide. Peut-être que la déception du spectateur pourra venir du décalage entre les apparentes ambitions internationales et les références étrangères du film et son ancrage très « français » avec l’argot, le jeu de Gabin, qui nous ramène au bon polar du terroir parisien classique. C’est pas faux. Mais malgré tout, mis à part une intrigue qui s’égare parfois (sans jamais perdre en rythme cependant), l’ensemble m’a convaincu assez agréablement. 3.5