‘’Harry Potter et la chambre des secrets’’ est le deuxième épisode de la fameuse franchise. Le premier film ayant convaincu une grande partie du public, le réalisateur Chris Colombus est toujours aux commandes de ce second volet. A son tour, le film fut un gros succès : rapportant plus de 800 millions de dollars pour un budget de 100 millions de dollars. Pour cet opus, Chris Colombus adopte une vitesse de croisière, puisque ce second film comporte pas mal de similitudes avec le premier.
Harry Potter s’apprête à entamer sa deuxième année à l’école de sorcellerie Poudlard. Un elfe de maison vient alors le voir pour le prévenir de ne pas retourner à Poudlard car un complot se trame. Malgré cet avertissement, Harry retourne à l’école. Mais l’année va être troublée par une succession d’agressions sur des élèves nés de parents moldus. Selon la légende, l’un des quatre créateurs de Poudlard, Salazar Serpentard aurait dissimulé dans l’école une chambre secrète qui cacherait un monstre. Monstre que seul peut libérer l’héritier de Serpentard, afin d’attaquer les enfants nés de parents moldus. Qui est l’héritier de Serpentard ? Quel est la nature de ce monstre ? Harry et ses amis mènent l’enquête…
‘’Harry Potter et la chambre des secrets’’ est à son tour plutôt une réussite… pour les mêmes raisons que le premier film. Ce qui frappe, c’est à quel point les recettes sont identiques d’un film à l’autre. Bien sûr, il y a des différences, mais dans l’ensemble, les deux films ont un profil assez similaire. Cette critique essaiera malgré tout de se concentrer sur les qualités propres à ‘’Harry Potter et la chambre des secrets’’. D’abord, il y a le travail esthétique. Chris Colombus est donc toujours aux manettes : sa mise en scène a le mérite d’être (légèrement) moins sage. Dans le premier film, il privilégiait un montage efficace. Ici, Colombus n’hésite pas à donner plus de mouvement à ses plans. La caméra, grâce aux effets spéciaux n’est pas forcément sur un trépied : elle se fait plus mouvante et adopte parfois le vol d’un oiseau (voir le premier plan du film où la caméra traverse les nuages avant de descendre sur Privet Drive pour terminer sa course sur la fenêtre d’Harry). Cela permet de contempler plus à loisir les décors de Stuart Craig. En ce qui concerne la photo, John Seale n’est plus à la baguette. Il est remplacé par le chef opérateur Roger Pratt (qui travailla pour les Monthy Python et donc, pour Terry Gilliam, lequel aurait pu être le réalisateur du premier film). Cette fois-ci, la lumière n’est plus aussi sexy que les dorures effectuées par John Seale. Pratt ose même des teintes verdâtres par moment. Dans son ensemble, ‘’Harry Potter et la chambre des secrets’’ est un petit peu plus sombre que ‘’Harry Potter à l’école des sorciers’’. Certes, le film est toujours accessible au jeune public mais un élément rend le film plus noir : c’est la source de mystère et de danger. Là où le mystère du premier film est prévisible (on devine bien vite que Voldemort cherche la pierre), la présence invisible et du monstre et de l’héritier rend plus inquiétante l’ambiance générale de ce second volet. Les voix qu’entend Harry, ces araignées qui fuient les lieux des crimes… ces éléments rendent plus effrayant le monstre. Monstre qui se révèle presque logiquement moins effrayant quand il pointe sa tête en fin de film. Du côté des bizarreries trouvable dans ce fourmillant univers, on notera la présence de Dobby. Créature spécialiste de l’auto-punition, Dobby a l’inconvénient de souffrir de la comparaison avec son cousin germain Gollum (dont la première apparition dans ‘’Seigneur des anneaux : les deux tours’’ se fera un mois plus tard aux Etats-Unis). Même gros yeux, même façon de s’exprimer (c’est-à-dire à la 3ème personne du singulier), Dobby (Toby Jones) a nettement moins laissé de souvenir que Gollum. On préfère le rajeunissement de l’actrice qui interprète Mimi Geignarde, le fantôme d’une étudiante. Or, l’actrice avait 36 ans lors du tournage du film ! Côté musique, John Williams est toujours là. Si elle est est toujours impeccable, sa musique comporte une bizarrerie. Que vient donc faire un extrait du morceau ‘’The chase thought Coruscant’’ (tiré de ‘’Star Wars : L’Attaque des clones’’ sorti aussi en 2002) pendant la scène de quidditch ? Williams était-il débordé au point d’utiliser le même thème pour deux films différents ? Bref, la saga ne connaît pas encore de réelle évolution, juste des changements.
Pour ce qui est de l’adaptation, le défi est sensiblement le même que celui d’ ‘’Harry Potter à l’école des sorciers’’. Le second livre de J. K. Rowling était un poil plus gros que le premier livre ? Et bien c’est très simple, le second film sera un poil plus long que le premier film. En 2h 25 (générique non compris), l’histoire est fidèlement traduite. Comme d’habitude avec les adaptations, on repère des petites coupes effectuées par le scénariste. Mais dans l’ensemble, rien de bien méchant. Steve Kloves retranscrit l’intrigue du livre de manière fluide et surtout retranscrit le thème du bouquin : le racisme dans un monde de sorcier. L’introduction de l’insulte ‘’sang de bourbe’’, l’établissement des notions de ‘’sang pur’’ et ‘’sang impur’’ et l’héritier d’une noble famille qui lâche son animal de compagnie sur des gens jugés inférieurs résonnent forcément avec ce mal qui dévore encore notre monde. Quoiqu’il en soit, ‘’Harry Potter et la chambre des sorciers’’ sera le dernier livre à ne pas poser de problèmes d’adaptation.
Ensuite, la distribution s’étoffe. Comme dans tous les Harry Potter ? Le professeur de défense contre les forces du Mal change. Accueillons donc le célèbre Gilderoy Lockhart. Dans le rôle de ce crétin vaniteux, Kenneth Branagh est tout bonnement désopilant. C’est une constance avec les personnages secondaires dans la saga Harry Potter : tous sont campés par des acteurs qui eux, ne sont pas un poil surestimés (à la différence des trois acteurs principaux, au jeu parfois discutable). Sinon Jason Isaacs était presque un choix évident pour incarner Lucius Malefoy, le père de Drago Malefoy, tant son visage transpire d’une élégante immondice. Un changement toutefois est repérable dans le jeu des trois acteurs Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson. Ils semblent avoir appris de leur erreur puisque les trois jeunes acteurs sont beaucoup moins cabotins que dans le premier opus. Les expressions ahuries totalement surjouées, les voix beaucoup trop aigues, tout cela, c’est (presque) terminé. Après, il faut être honnête : ils manquent aux trois acteurs cette élégance naturelle qui sied aux plus grands acteurs britanniques.
‘’Harry Potter et la chambre des secrets’’ comporte comme on l’a vu des différences avec ‘’Harry Potter à l’école des sorciers’’. Mais dans l’ensemble, il est dans la continuité du premier film. Colombus a le mérite de restituer toute la magie de ce monde. Mais dans cette saga, il sera le seul réalisateur adepte de magie blanche (avec ces deux films pour enfant), les autres metteurs-en-scène seront sans conteste des adeptes de la magie noire. La noirceur arrive en effet dès l’épisode suivant : ‘’Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban’’.