Dans son pays, Parfum de violettes a reçu 5 Ariel (les équivalents mexicains des Césars), dont celui de la Meilleure Actrice, et du Meilleur Scénario, en 2001. Le film, qui a fait le tour des Festivals, a notamment reçu une Mention Spéciale au Festival de Karlovy Vary en 2001. L'année suivante, il était nommé à l'Oscar du Meilleur Film Etranger.
Parfum de violettes est une chronique de la jeunesse mexicaine. Il succède ainsi à d'autres films très remarqués sortis en France ces dernières années, comme Amours chiennes et Et... ta mère aussi !.
Le film de Maryse Sistach, qui raconte l'amitié de deux jeunes filles, est aussi une plongée dans les faubourgs de Mexico. La réalisatrice s'est inspirée d'une histoire vraie : "L'idée du film m'est venue il y a quinze ans, en lisant un fait divers dans un quotidien du Nord du pays. Dans le journal, on pouvait lire l'histoire tragique de deux jeunes filles qui après un viol, avaient volé du parfum, dans le but de fuir la réalité dans laquelle elles vivaient. Pour ce larcin, les jeunes filles avaient été mises en prison et condamnées des mois plus tard."
La réalisatrice aborde dans son films des thèmes dérangeants, en particulier le viol, pour susciter la réflexion des spectateurs : "Avec Jose Buil, notre mari, notre intention a toujours été très claire en faisant ce film : proposer à la société un débat sur la violence sexuelle, sur les problèmes à l'école et la relation entre les hommes et les femmes. Le film ne s'adresse pas seulement aux adolescents mais aussi à nous, adultes qui, en tant que mères et pères, devons nous questionner sur ce qui nous entoure (...) Je crois qu'il faut montrer la violence et ses conséquuences sur le grand écran d'une manière différente. Même si le film parle de la violence, aucun acte de violence n'est jamais montré à l'écran dans Parfum de violettes"
Les jeunes comédiennes sont issues d'un atelier de théâtre de Mexico. Leur expérience personnelle a servi leur rôle. " Le film s'est construit sur la base d'un énorme travail d'acteur dans le laboratoire-atelier théâtre Escuelita Emiliano Zapata organisé par les habitants même de la colonie, explique la réalisatrice. " Ils nous ont accueilli pour nous donner la possibilité d'utliser leur espace en invitant des adolescentes à travailler avec nous. J'ai demandé à la comédienne Arcelia Ramirez de diriger cet atelier (...) Je cherchais de l'émotion et des enfants qui avaient quelque chose à voir avec les personnages pour que ces adolescentes puissent mieux comprendre ce qui leur arrive." Aux côtés de ces jeunes filles, on retrouve des actrices aguerries, comme Arcelia Ramirez, vue notamment chez Arturo Ripstein, et Maria Rojo, révélée par le film Danzon en 1991.
Pour le tournage de ce film, Maryse Sistach a fait participer les populations locales, et son film conserve un aspect documentaire sur la ville mexicaine. Ce goût pour le travail de terrain, pour la confrontation avec la réalité, vient sans doute des études d'anthropologie que la cinéaste franco-mexicaine a suivies à la Sorbonne, comme elle le raconte : "En venant de l'anthropologie, je suis arrivée dans le cinéma en cherchant à faire des documentaires (...) Ensuite j'ai vu la réalité du documentaire et j'ai cheminé jusqu'à la fiction. Aujourd'hui je suis de nouveau avec un pied sur un bord, et l'autre sur celui d'en face."
Jose Buil, époux de Maryse Sistach est co-scénariste et producteur de Parfum de violettes. Ce n'est pas la première fois que Sistach et Buil travaillent ensemble : le couple avait déjà co-réalisé La Linea paterna, docu-fiction présenté au Festival de Venise en 1995, et L'Année de la comète en 1998.
Parfum de violettes est le premier film d'une trilogie sur la violence chez les adolescents. Le titre original de ce premier volet est Nadia te oye, ce qui signifie "Personne ne t'entend". Les deux autres volets devraient s'intituler Nadia te ve ("Personne ne te voit") et Nadia te habla ("Personne ne te parle"). L'un sera réalisé par Maryse Sistach, l'autre par Jose Buil.