Les Grandes Manœuvres, magnifique, somptueux film, léger et profond à la fois, élégant, parfois drôle (bien que le rire y soit quelquefois ‘jaune’), souvent raffiné, émouvant, charmant, sensible et délicat, toujours soigné.
Comédie glissant subtilement vers la mélancolie, voire vers le drame.
Quelle bulle de beauté que ce film ! Grande beauté de ces couleurs, pastel ou + vives (1er film en couleurs de René Clair), de ces dialogues, de cette mise en scène, de ces interprétations, personnages, costumes et décors. Egalement superbe, ce casting.
Film qui évoque parfois un conte :
avec p.ex. les sœurs de V.Duverger et autres jalouses qui médisent et complotent (rappelant un peu les méchantes (belles-)sœurs et belles-mères de nombreux contes) ,
avec ce ‘Petit « Prince »’ * à cheval si charmant mais peut-être trop charmeur pour pouvoir être cru honnête, ou du moins sincère,
avec ces couleurs et cette atmosphère parfois oniriques, ces bals, ces costumes et décors…
Beaucoup de basculements dans ce film, dont celui axé autour de la scène des ‘humbles’ excuses.
Scène lors de laquelle (la voix d’) Armand de la Verne déraille subtilement, trahissant son bouleversement et son désespoir. Scène dans laquelle il ‘déraille’ ensuite (sous l’effet du désespoir) dans ses paroles, lâchant des mots tranchant brusquement avec le raffinement, la retenue, l’élégance de ces personnages. Désespoir qui va le pousser à risquer de sacrifier sa carrière voire sa vie.
J’aime énormément ce film, même si j’aurais préféré qu’il ait une fin + heureuse. Mais elle reste heureusement + ouverte que l’autre fin beaucoup + tragique qui avait aussi été tournée pour ce même film.
*Référence à la lecture du ‘Petit Prince’ faite par G.Philipe, qui certes n’est pas ‘Prince’ dans ‘les Grandes Manœuvres’, mais dont le personnage dans ce film me rappelle un peu les Princes charmants des contes de fée.
Prix Louis-Delluc en 1955. David di Donatello de la meilleure production étrangère en 1956. Victoire de la Meilleure Réalisation. Victoire de la Meilleure Actrice à Michèle Morgan. Victoire du Meilleur Acteur à Gérard Philipe.