Je rejoins un peu de précédents avis par rapport à ce film. Il a des qualités, mais aussi de gros défauts, ou du moins des aspects sans grande force, ce qui vient forcément le desservir.
Dans les bons points, il y a bien sûr la sensualité particulière qui se dégage du film, avec une nudité que j’ai trouvé judicieusement utilisée, quoique pléthorique, un réalisateur qui sait la filmer et la mettre en valeur, et des actrices qui ont une évidente aura. Valérie Kaprisky n’est pas forcément une actrice très belle, de visage notamment, mais elle a un charme évident, une sensualité manifeste, et elle était tout indiqué pour son rôle, celui d’une jeune fille vénéneuse, type de personnages ambigus dans lesquels elle s’est souvent glissé. Autour d’elle il y a de solides interprètes, même si on pourra regretter que tous les personnages ne soient pas nécessairement dégrossis comme on l’aimerait. Je dis cela particulièrement de celui de Bernard Giraudeau, alors qu’il tient une place tout de même conséquente.
L’interprétation et l’ambiance estivale un peu poisseuse et largement érotique sont donc deux éléments réussis de L’Année des méduses, film qui souffre, en retour du manque de maitrise du réalisateur. Frank filme bien la nudité, mais dès qu’on sort de cela, c’est très quelconque. Le final m’a spécialement déçu, les confrontations aigres entre les personnages (Perrin et Kaprisky spécialement) manque de vitalité, c’est filmé assez platement. Parfois, le réalisateur verse dans le beau catalogue papier glacé à la David Hamilton, et malheureusement dans un thriller (car c’est de cela qu’il s’agit), ce n’est pas forcément l’approche la plus attrayante.
Le scénario est lui aussi assez inégal. Tout en abordant beaucoup de sujets intéressants, L’Année des méduses tend à se disperser aussi, et à ne pas vraiment approfondir tout ce qui le mériterait. Parmi les thèmes évoqués, au-delà du fond thriller qui guide notamment toute la deuxième partie, il y a une relation adulte-mineur, la grossesse d’une enfant, le rapport mère-fille singulier, la vieillesse, l’adultère… bref, au travers de ses personnages le film aborde beaucoup de choses, mais ça part parfois aussi vite que c’est venu. C’est forcément frustrant, tant l’épaisseur de L’Année des méduses aurait pu s’en trouver renforcer, alors que là beaucoup de gens prendront ce film avant tout comme une galerie de nudité, un métrage à peine plus ambitieux qu’un bon érotique du temps.
A souligner une très curieuse bande son, avec en ouverture une chanson en allemand qui casse les oreilles, mais s’avère fort original.
L’Année des méduses est finalement un film moyen. Pas vraiment réussi, ce n’est pas ingrat non plus, spécialement grâce aux acteurs et à de vraies idées intéressantes. Dommage qu’un vrai réalisateur de thrillers ne se soit pas impliqué dans la mise en scène, et que l’histoire soit trop elliptique. 2.5