Précurseur des films d’action qui renouvelle la figure du héros viril à travers un John Wayne des temps modernes, Piège de cristal mélange habilement les registres (action, suspens et humour) et marque l’histoire d’un genre entier du cinéma.
A l’origine, le scénario, issu du roman « Nothing Lasts Forever » de Roderick Thorp, est censé être adapté dans le cadre d’une suite au film Commando, avec Arnold Schwarzenegger en vedette, mais l’acteur refuse de reprendre son rôle. En conséquence, 20th Century Fox entreprend de récupérer le scénario pour lancer un nouveau projet : Die Hard. D’ailleurs, le titre du film était initialement « La chambre forte », avant d’évoluer vers un clin d’œil au héros et à son caractère (« Die Hard » signifiant littéralement « Dur à cuir »). Quoiqu’il en soit, c’est John McTiernan qui est placé à sa réalisation, profitant du succès de son précédent film, Prédator, sorti l’année précédente.
Pour le choix de l’acteur principal, Frank Sinatra est d’abord pressenti puisqu’il est lié par contrat à la Fox en vue de la prochaine production des studios. Mais en raison de son âge avancé (presque 70 ans), l’acteur-crooner rompt l’accord et la Fox part à la recherche d’un nouveau candidat. Concentrant en premier lieu ses efforts sur des acteurs reconnus tels que Burt Reynolds, Richard Gere, Sylvester Stallone, Mel Gibson et Al Pacino, la production s’intéresse ensuite aux figures montantes du cinéma, et finit par confier le rôle de John McClane à Bruce Willis, récemment consacré pour sa présence dans la série policière Clair de lune. Face à lui, Alan Rickman interprète le principal antagoniste du film, l’ennemi juré du lieutenant de police, un rôle qui lui a d’ailleurs valu plusieurs froides en raison de sa peur des armes à feu.
Le tournage a lieu entre novembre 1987 et mars 1988, essentiellement dans la Fox Plaza, le siège de la 20th Century Fox encore en construction sur cette période et qui a ensuite servi à des tournages de scènes dans Speed et Fight Club notamment. Le budget avoisine les 28 millions de dollars, dont 5 millions dédiés au cachet de Bruce Willis, un montant conséquent pour un acteur qui n’en est qu’à ses débuts. Mais ce pari, bien qu’osé, s’avère rapidement être un triomphe. Aux Etats-Unis, les recettes s’élèvent à près de 85 millions de dollars et font de Die Hard le septième plus gros succès de l’année 1988. Et bien que ce score soit plus modéré en France, avec 650 000 entrées, l’international confirme son succès en portant les recettes totales à plus de 140 millions de dollars.
Il faut dire que Die Hard est un modèle du genre d’action, qui a initié plusieurs films flirtant sur le même style, à commencer par ses suites qui voient le jour dès 1990. Résumer Piège de cristal à des scènes d’échanges de tirs est réducteur, car les styles du thriller et de la comédie policière ne sont jamais bien loin, notamment grâce à l’humour piquant de McClane, dont plusieurs répliques sont devenues cultes.
En plus de 4 nominations aux Oscars 1989 dans les catégories du meilleur montage et mixage de son, des meilleurs effets visuels et du meilleur montage, ce long-métrage survolté permet à Bruce Willis d’atteindre la célébrité et la reconnaissance internationale en portant l’étoffe d’un héros viril et intrépide.