Frank Sinatra + Arnold Schwarzenegger = Bruce Willis ! C’est un peu l’équation qu'a offerte Piège de cristal. En effet, le film culte de John McTiernan est tiré d’un roman de Roderick Thorp, Nothing lasts forever, qui mettait en scène Joe Lelland. Ce policier était déjà le héros d’un premier roman The Detective qui avait été adapté en 1968 au cinéma avec Sinatra dans le rôle. Celui-ci était désormais trop vieux, il avait été question d’adapter ce roman pour faire une suite à Commando avec Schwarzy qui refusa également. Ce dernier déclinant l’offre, toutes les grosses stars (Sylvester Stallone, Richard Gere, Mel Gibson, Al Pacino, Burt Reynolds…) avaient été envisagées avant que la production se reporte sur un acteur associé à la comédie sur le petit (Clair de lune) comme sur le grand écran (Boire et déboire) : Bruce Willis ! Grand bien lui en a pris car, dès lors, le rôle colla à l’acteur qui devint à l’occasion une des plus grosses stars du cinéma d’action (tout en restant capable d’évoluer dans d’autres registres). Il faut dire que l’acteur offre un réel charisme au personnage de John McClane (le film n’étant plus une suite, le principal protagoniste adopte ce nouveau nom), le rendant à la fois drôle et humain. En effet, contrairement aux héros d’action de l’époque, McClane est un être humain (certes nettement plus casse-cou et courageux que la moyenne) qui peut être blessé et éprouver de la peur, ce qui permet de renforcer le suspense chez le spectateur.
En plus d’être servi par un personnage désormais culte (tout comme son célèbre "Yippee ka yay" se référençant à l’acteur qu’il aime, Roy Rogers), Piège de cristal bénéficie d’un scénario haletant et assez réaliste malgré quelques séquences un peu exagérées
(le réveil final de Karl)
et quelques éléments peu réalistes (McClane qui arrive à prendre l’avion avec un pistolet ou encore Karl qui au lieu de tuer McClane directement parle un peu trop : attitude qui sera parodiée par McTiernan quelques années plus tard dans Last action hero). Toutefois, ces petits défauts étant intrinsèques au genre, le spectateur les accepte sans aucun problème et reste happé par un suspense mené de main de maître par McTiernan.
Effectivement, le film est réputé notamment pour la réalisation de celui-ci car il faut reconnaître qu’il possède un certain brio dans la mise en scène de l’espace et dans celle des scènes d’action (vu de 2020, quel plaisir d’en voir qui soient totalement lisibles, plutôt crédibles tout en étant prenantes).
Le résultat est donc un modèle du genre à tel point que le film connaîtra quatre suites et inspirera de nombreuses autres œuvres (Piège en haute mer et sa suite Piège à grande vitesse, Cliffhanger : Traque au sommet, Piège en eaux troubles, White house down, La Chute de la Maison-Blanche et ses suites…). Un chef-d’œuvre du film d’action qu’il est toujours aussi excitant à revoir que ce soit autant d’un point de vue cinématographique que de celui du pur divertissement.