Ça n'aura j'imagine échappé à personne, en ce moment se tient le festival de Cannes. Bombardé que je suis d'images de Youth, The Lobster, Tale of tales (...), j'avais clairement envie d'un truc foutrement plus artistique, beaucoup moins axé divertissement. Mais voilà, Piège de cristal était un des rares films à ma disposition, et ma rétine de cinéphile commençait dangereusement à crier famine. Alors au final, s'en tirer aussi bien en une telle soirée, alors que je le voyais par défaut et que je n'étais pas plus enthousiaste que ça en lançant les deux heures de long-métrage, prouve chez ce premier Die Hard une efficacité indéniable. Il faut dire que le film de John McTiernan trimbale quand même une réputation flatteuse, qui en fait pour beaucoup l'un des (le ?) meilleurs films d'action de tous les temps. Si je ne trancherai pas dans ce débat sans doute un peu vain, nul doute que Die Hard vaut, aujourd'hui encore, son pesant de cacahuètes. Petite pensée émue à la presse de l'époque, qui était visiblement complètement passée à côté du film qui allait s'ériger en référence et maintenir ce statut 27 ans plus tard (les quatre critiques presse de 1988 répertoriées par Allociné notent 2/5). Avec comme principal reproche sa démesure visuelle jugée outrancière, démesure que McTiernan a tellement popularisé qu'elle est devenue la norme de tout actioner moderne, les films poussant au fur et à mesure des années toujours plus loin la surenchère, persuadés que c'est là la clé pour impressionner. Du coup, Die Hard ne semble aujourd'hui pas plus démesuré que ça, en comparaison des rejetons qu'il a engendrés. Et surtout, il garde une longueur d'avance à côté de laquelle la plupart des films postérieurs passent lamentablement ; un scénario digne de ce nom. Comme si tout le monde avait oublié que quelque spectacle qu'il souhaite proposer, le cinéma ne touchait pas autrement qu'en s'écrivant à l'échelle humaine. Des personnages qu'on prend le temps de développer, une répartition claire des enjeux, un rythme dosé entre tension et psychologie. Est-ce vraiment si compliqué à mettre en place ? Die Hard, pour sa part, ne loupe en tout cas aucun ingrédient de cette recette dont le chef McTiernan livre ici l'original. Le papa de Predator joue aussi très bien de l'espace, arrive à merveille à situer l'action et chacune de ses composantes, humaines comme matérielles. C'était essentiel pour que l'enjeu soit tangible dans un immeuble où on aurait pu très vite avoir quelques difficultés à se représenter certaines situations. Bruce Willis joue sans grande surprise (si on connait la suite de sa carrière, j'entend) mais son personnage de McClane demeure assez humain pour vraiment retenir l'attention, et Alan Rickman compose un adversaire unique, aujourd'hui quasi-culte. Comme le laissait entendre le début de cette critique, j'ai de plus en plus de mal avec le film d'action, genre qui a pourtant bercé ma jeunesse, et d'ailleurs avec le divertissement en général. Dorénavant, j'attend davantage du cinéma. Mais quand tout est fait au poil, Die Hard est vraiment la preuve qu'on peut toujours passer un très agréable moment. Depuis, Bruce Willis a perdu en cheveux et gagné en rides. Mais dans le domaine du film d'action, bien peu a au final changé depuis l'avènement de ce précurseur au vieillissement vraiment peu marqué. Un classique.