Si le film Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? a lancé la mode des longs-métrages parodiques au cinéma, c’est bien la saga Scary Movie qui a fait entrer ce genre de comédie dans l’esprit collectif. Entraînant par la suite de nombreux autres projets qui ont été mis en chantier dès qu’un film à succès faisait des ravages au box-office. Mais s’il y a bel et bien un genre auquel il fallait à tout prix s’attaquer, c’est bien le teen movie. Ou, en Français, l’éternel film pour adolescents qui vous fait découvrir les déboires d’étudiants dans un campus, les amourettes les plus niaiseuses du grand écran, des personnages caricaturaux au possible (le grand sportif bien bâti, la blonde pulpeuse et manipulatrice, la nouvelle coincée qui s’avère être super mignonne, le geek de base…). Oui, le teen movie avait de quoi proposer une bien belle parodie avec Sex Academy… qui se vautre lamentablement…
Dans cette critique, il ne sera pas question de bande son, de mise en scène ou bien d’autres détails techniques, tout cela important peu en ce qui concerne une parodie. Ni le scénario d’ailleurs, car ce n’est vraiment pas avec ce genre de divertissement que nous trouverons de la finesse. Non, ce que nous voulons avant toute chose, c’est rire ! Nous amuser en compagnie de comédiens qui se prêtent au jeu avec plaisir, tels des enfants qui participeraient à la plus belle fête d’anniversaire à laquelle ils ont été conviés de toute leur vie. Bref, un déballage de séquences humoristiques référencées, drôles et repérables (savoir quel film est parodié à cet instant-là). Vous allez voir que Sex Academy loupe chacune de ces caractéristiques qui font une bonne parodie.
Premièrement, les références. Autant le dire tout de suite, le teen movie n’en manque pas ! Surtout que ce genre peut se vanter d’avoir à son actif quelques titres qui ont eu leur succès (Grease, American Pie, The Breakfast Club, Sexe Intentions, American Girls, High School Musical…). Sex Academy reprend donc quelques éléments de ses modèles, mais de manière bien trop furtive. Pour cause, après avoir vu le film dans son intégralité, j’ai bien eu du mal à reconnaître certains des films référencés. Que ce soit les teen movies cités plus haut ou bien les étrangers à ce genre (American Beauty, par exemple). À tel point qu’il m’a fallu passer par Internet pour les repérer, c’est pour dire ! Grease représenté par une séquence de bal ? D’accord, mais la plupart des teen movies comportent en général une telle séquence donc difficile de se repérer. Notamment quand le film use de guests qui n’ont rien à faire là (nous avons droit à un Mister T qui se demande bien pourquoi il apparait dans ce long-métrage). Quoiqu’il en soit, du moment qu’une comédie n’arrive pas à montrer des références sur le papier parodiées, elle ne mérite déjà nullement son statut de parodie.
Après, il est possible que le film en question fasse rire. Mais avec Sex Academy, ce n’est même pas le cas ! Niveau humour, c’est la loose totale ! Pour nous dessiner ne serait-ce qu’un simple sourire sur le visage, Sex Academy use à fond la carte du cliché. Problème : le teen movie est, de base, déjà un amas de clichés. Difficile donc de rigoler de moments, de personnages et de répliques mille fois vus dans d’autres films qui se prenaient ou pas au sérieux. Pire : Sex Academy se cache à un tel point derrière tous ces clichés qu’il ne s’élève jamais au-dessus d’un teen movie ordinaire (à croire que le titre VO Not Another Teen Movie est évocateur). Allant parfois se risquer dans l’humour le plus lourd possible (une séquence aux toilettes très… caca prout) pour arriver à titiller nos zygomatiques, sans succès. Et comme niveau références Sex Academy ne brille à aucun moment, le scénario nous propose donc une comédie qui part dans tous les sens, nous balançant en veux-tu en voilà des scènes totalement ridicules qui font plus pitié qu’autre chose.
Même les comédiens du film montrent à quel point il est dur de s’impliquer dans une telle galère ! D’autant plus que si certains choix de casting sont justifiés (Chris « Captain America » Evans en sportif baraqué), d’autres sont à la ramasse (Chyler Leigh, qui incarne la coincée au final mignonne, dévoile son charme dès sa première apparition à l’écran, gâchant l’effet de surprise). Mais que la distribution soit mal organisée n’est pas la question. Tous les comédiens sont nuls ! Aucun d’entre eux n’arrive à s’amuser, et ce pour quelques situations que ce soit (faut dire qu’en même temps…). Comme exemple, prenez Chris Evans, qui affiche un regard d’éternel endormi pendant toute la durée du film. Honnêtement, vu le manque de qualité de Sex Academy, on comprend son ennui !
Au final, le constat s’avère des plus sévères envers Sex Academy : le film n’a rien d’une parodie. Il s’agit plutôt d’un teen movie de plus (le titre VO avait bien raison de désespérer) qui ne se prend nullement au sérieux, certes, mais le fait d’une manière si bordélique qu’il est quasi impossible de sourire devant un tel foutoir. Si vous voulez vraiment avoir la banane, autant vous tourner vers American Pie, c’est pour dire !