Renny Harlin est un cas à part dans ce petit monde du cinéma qu’est Hollywood. Bien qu’ayant bon nombre de détracteurs (et certainement autant d’admirateurs), le gentil finlandais a souvent récupéré des scénarios dont personne ne voulait, étant jugés trop casse-gueule. Et, en tant que gentil magicien de la débrouillardise, il est souvent arrivé à en tirer de très bonnes séries B plutôt jouissives ("Freddy 4 : le Cauchemar de Freddy", "58 minutes pour Vivre", "L’Île aux Pirates", "Au Revoir à Jamais", "Cliffhanger", "Driven"). Alors, que vaut "Profession Profiler ?"
Et bien Harlin réussit encore à nous surprendre avec cet excellent petit thriller où sept jeunes agents parmi les plus brillants du FBI vont sur une île isolée pour passer leur ultime examen afin de devenir des profileurs officiels. Mais lorsque les premiers d’entre eux meurent au cours de ce jeu de rôle grandeur nature, les autres comprennent alors qu’un meurtrier se cache parmi eux. Scénario simple et si cela vous dit quelque chose, c’est on ne peut plus normal puisque "Profession Profiler" n’est plus ni moins qu’une adaptation moderne du roman policier « Dix Petits Nègres » d'Agatha Christie. La référence sautera aux yeux à tous ceux qui ont lu ce livre. Mais bien entendu Harlin ne se contente pas de faire un copier/coller du roman de Christie, y changeant les postulats de base ainsi que les aboutissants. Dès le départ, on est directement mis dans l’ambiance grâce à la scène d’intro : lumière sombre, ambiance malsaine, rythme lent mais transpirant de tension. Et lorsqu’on apprend qu’il ne s’agit que d’un trompe-l’œil, qu’une mise-en-bouche avant la véritable histoire du film, on sait déjà qu’on ne ressortira de cette atmosphère glaciale qu’à l’apparition du générique de fin. D’ailleurs, techniquement parlant, "Profession Profiler" est très bien réalisé, la photographie étant l’une des meilleures que Harlin nous est proposée dans sa carrière, et arrive à nous soumettre d’intéressantes trouvailles dans certaines scènes (cette fantastique scène aquatique où se déroule un gunfight sous-marin des plus originaux et d’un réalisme très subtil !). Et si le film parvient à nous surprendre, c’est aussi grâce à une succession de morts assez réussies, étonnamment gores pour certaines ; et le jeu le plus marrant pour les spectateurs étant de savoir quel sera le prochain piège. Le jeu des acteurs est quand à lui est sans fioritures, sans excès, chacun arrivant à donner un intérêt sur son personnage sans jamais empiéter sur les autres (en même temps, tout le film repose sur un jeu de cache-cache !).
Alors que le cinéma Hollywoodien a tendance ses dernières années à être de plus en plus formaté, il est plaisant de voir des réalisateurs comme Renny Harlin, certes un peu marginaux, mais ayant l’air d’avoir certaines libertés sur leur œuvre. Simple mais efficace…le cahier des charges de "Profession Profiler" est bien rempli, ce qui en fait un très bon popcorn movie…et c’est tout ce qu’on lui demande.