Renny Harlin capable du meilleur comme du pire. Capable jadis de faire des longs métrages très distrayants tels que "58 minutes pour vivre", "Cliffhanger traque au sommet," ou encore "L’île aux pirates", le réalisateur finlandais sorti de nulle part semble rentrer dans le rang. La preuve en est avec ce mauvais "Profession profiler". L’idée de départ étalée sur l’affiche semblait séduisante, et il faut admettre que ça commence plutôt bien. D’ailleurs le début est prenant d’entrée de jeu, avec une ambiance glauque à tous les niveaux : il fait nuit, il neige (pour une fois le choix ne s’est pas porté sur la pluie), et on amène le spectateur dans une maison sordide qui semble abandonnée. Abandonnée ? Nooooon, elle abrite une scène de crimes ! Puis très tôt arrive la première surprise. Dès le 8ème minute ! Bien que très déconcertante, c’est plutôt une bonne nouvelle car le spectateur s’attend alors à une kyrielle de surprises. Sauf que voilà : malgré un casting intéressant avec les présences de Val Kilmer et de Christian Slater (que nous voyons au final que très peu, conformément à ce qu’avait prédit l’affiche : "avec …"), rapidement l’histoire ne parait pas crédible. Pourquoi ? Oui pourquoi ? Vous ne voyez pas ? Eh bien je vais de ce clavier éclairer votre lanterne : simplement parce que le scénario aux allures de "Dix petits nègres" (roman policier écrit par Agatha Christie) est truffé d’incohérences. La (grosse) première se trouve dans le café empoisonné : c’est le plus costaud de tous qui s’écroule en premier !! Mouais bon d’accord, on dira que Gabe Jensen (interprété par le très costaud LL Cool J) est une petite nature, pour être genre compréhensif. Toujours est-il que personnellement, je trouve ça plutôt énorme. Je ne vais pas citer toutes les incohérences mais bon, le final est pas mal non plus dans son genre : un des protagonistes finit quand même par se ramasser une balle, commence à avoir le sang qui sort par la bouche, et là on se dit qu’il est plié. Eh bien non ! Sur le plan d’après, pas une goutte. Ah oui c’est vrai, il était dans l’eau, alors il doit avoir pris le temps de se rincer malgré la grande précarité de la situation. Sauf qu’il se porte presque comme un charme. Et quand enfin il tombe à l’eau, ce n’est… pas dans le bon sens ! Un plouf qui fait plouf. Bon j’en reste là pour les incohérences. Autant dire que Renny Harlin n’a pas été aidé par le scénario écrit à la truelle. Sauf que le cinéaste s’est clairement raté aussi. Pourtant j’ai eu espoir car arrivé aux alentours de la 80ème minute (oui j’ai regardé la montre… et alors ?), j’étais quand même malgré tout un peu accroché. Le problème est que juste au moment où ça semble s’améliorer, la médiocrité refait surface lors des scènes de bagarre. Franchement, on est loin de l’orchestration superbement chorégraphiée de "58 minutes pour vivre". Ou Renny Harlin vieillit et il faut qu’il arrête de faire des films, ou il ne sait plus faire et il doit aussi arrêter de faire des films, ou alors les comédiens n’ont pas été à la hauteur et Harlin doit encore arrêter de faire des films, à moins qu’il ne se fasse seconder. Je m’explique : si vous n’avez pas encore jeté le DVD ou refilé à quelqu’un que vous n’aimez pas, ou encore pendu à un arbre fruitier, repassez-vous la bagarre en fin de film. A l’image, on voit nettement que c’est du chiqué, l’illusion des coups vraiment portés est purement et simplement absente. Pour couronner le tout, le doublage en français est parfois à la limite du pathétique. Quant à la musique, elle est parfois agressive, surtout quand il n’y a pas grand-chose qui se passe. En ce qui concerne le casting, il n’y a malheureusement pas grand-chose à sauver. Seuls Clifton Collins Jr (dans le rôle de Vince) et Kathryn Morris (dans la peau de Sara) s’en sortent pas trop mal, bien que leur prestation soit quand même un peu en dents de scie. Le tueur, le vrai, n’apparait pas du tout inquiétant, ce qui est un comble quand le personnage est capable d’imaginer et de mettre en place de telles exécutions. Quant aux morts suspendus, ils ne paraissent pas humains : on dirait des marionnettes quelconques en plastique ou truc du genre suspendues à leurs fils. En somme, "Profession profiler" est avant tout une injure à l’intelligence du criminel. Rien ne marche ! Désolé, mais il est très mauvais et je vote contre.