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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 17 septembre 2015
Paul Vecchiali remonte le fil de son histoire familiale pendant la Seconde Guerre Mondiale son père ayant été semble-t-il à tort accusé de pétainisme. « En haut des marches » sur le mode de la rêverie nostalgique met à jour la difficulté à démêler la grande de la petite histoire. Le personnage interprété par Danièle Darrieux se veut une évocation de la mère du réalisateur obligée de fuir Toulon après les règlements de compte qui ont suivi l’immédiate après-guerre. Venue pour se venger de ceux qui ont dénoncé son époux assassiné, Françoise Canavaggia se remémore à travers ses déambulations dans un Toulon qu’elle ne reconnaît plus ce que fut sa vie active aux côtés des siens et s’interroge sur les rapports faits parfois d'incompréhesnon qu’elle a entretenu avec eux. Les voix volontairement entremêlées de De Gaulle et de Pétain rappellent que les choses à l’époque n’étaient pas si claires qu’elles sont apparues la guerre terminée où brutalement chacun a cru savoir distinguer les bons des méchants. Danièle Darrieux qui aborde alors la maturité porte le film sur ses épaules, très impliquée dans ce rôle, ayant dû elle aussi faire face aux reproches suite à un voyage à Berlin en 1942 en compagnie d’autres acteurs dont les véritables motivations étaient à mille lieux de la charge symbolique qui resta dans les mémoires. C’était en réalité pour pouvoir rencontrer son mari de l’époque Porfirio Rubirosa emprisonné en Allemagne que l’actrice avait accepté ce voyage et non pour faire allégeance à l’occupant nazi. Le rôle de Françoise Canavaggia ne pouvait sans doute pas échoir à une autre. Un joli film dans le fond comme dans la forme qui démontre que les épurations rapides ne sont jamais que des exutoires de fortune qui permettent de vite tourner une page douloureuse que chacun préfère oublier.
Une femme revient sur son passé : dans la ville de Toulon; pendant la dernière guerre, son mari avait été exécuté par des résistants. Les souvenirs surgissent, des rencontres avec les gens du passé, elle voudrait peut-être se venger. Assez belle réalisation de Vecchiali. C'est le drame d'une femme qui resurgit au détour des rues, des maisons, des rencontres, dans Toulon. C'est un film très littéraire, avec voix off, volontairement lent, mais qui reste prenant grâce à ses acteurs et surtout à l'actrice principale Danielle Darrieux.
Paul Vecchiali s’est constamment attaqué aux tabous dans son cinéma, dans « En haut des marches » il en aborde un qui le touche familialement : celui de Vichy, des règlements de compte de la Libération. Il le fait en montrant des gens dépassés par les évènements, gagnés par l’obsession de la survie ou par une forme de désengagement sceptique. On n’est pas forcément totalement convaincu par sa vision des choses, mais on est obligé de lui reconnaître une honnêteté et une originalité foncières dans son approche. « En haut des marches » est aussi un hommage à sa mère et on voit tout le talent du réalisateur pour dresser des portraits de femmes. La chronique familiale, sa sentimentalité, exclut par moment le spectateur. On se demande aussi si la fascination de Vecchiali pour le cinéma des années trente, sa volonté de le faire revivre, ne leste pas sa propre inventivité. Mais bon, on reste touché au cœur.