Un très beau film un peu oublié, de Jean Grémillon , pourtant d’une grande modernité . Le scénario s’inspire d’une histoire vraie. Une jeune femme moderne, qui vit dans une petite ville de province, veut être indépendante. Elle aime son mari mais voudrait travailler, elle a une certaine ambition, ne pas juste s’occuper de ses enfants. Le mari garagiste, se prend de passion pour les avions (c’est le début de l’aviation civile) , le début des voyages intercontinentaux. Mais c’est sa femme qui va tomber sous l’emprise des petits avions. Ensemble ils feront des tentatives de records, mais c’est elle qui sera finalement la plus compétitive et battra un record. Tout ce petit monde de province est magnifiquement bien dépeint, les petites jalousies de la bourgeoisie , la femme qui a du mal à accéder à son indépendance, la jeune fille de 15 ans qui veut s’émanciper, et même dans la phase finale qui tourne au drame , une superbe analyse du principe du bouc émissaire et de la vengeance de masse, de la vindicte populaire ( on est dans l’esprit du mythique « le Corbeau », et de René Girard) . Des dialogues excellents de Charles Spaak , une image noir et blanc hypnotique et surtout un duo d’acteurs formidable : Madeleine Renaud dont on connait surtout la carrière théâtrale postérieure , elle est magnifique , en femme amoureuse , indépendante , courageuse, et d’une grande beauté ( ce que l’on avait un peu oublié), très belle . Charles Vanel tient là un rôle puissant, mais plus léger, plein de compassion, que les autres rôles que l’on a retenu de lui . Un très grand acteur.