Aujourd'hui pour fêter la première bougie du blog et l'ultime voyage en Terre du Milieu je me suis lancé un défis. Quoi de mieux pour l'occasion d'apporter mon point du vue sur la trilogie qui a inauguré le cinéma des années 2000, remporté une dizaine d'Oscars et qui en plus pourrait être citée comme le plus grand triomphe public et critique de notre fabuleuse histoire du septième art. Certainement l'archétype du blockbuster réussit et du film d'aventure, La Trilogie du Seigneurs de Anneaux est celles qui aura fait devenir les rêves d'un grand enfant réalités et celle qui aura provoqué mon amours aussi intense pour le cinéma. C'est après "Fantômes contre Fantômes" que Peter Jackson prépare son prochain long métrage, réalisateur Néo-Zélandais un poil barré auteur du culte "Braindead" qui rêve depuis son enfance de réaliser un "King Kong". C'était ce qui était prévu d'ailleurs au départ, il avait démontré qu'un tournage en Nouvelle-Zélande était bien moins couteux, d'ailleurs là bas il avait tout ce dont il lui fallait (paysage, sa société de production Weta qu'il avait créé pour l'occasion) mais Hollywood laisse le projet à l'abandon, le "King Kong" des années 90 est mort né car un certain "Godzilla" d'un Roland Emmerich doit sortir. Mais l'ami de l'ile du bout du monde ne se laisse pas abattre, sa nouvelle ambition est un film adapté du "Seigneur des Anneaux" de J.R.R. Tolkien, pavé dont les Beatles avaient déjà essayé d'acquérir les droits sans succès et qui est aujourd'hui l'un des livres les plus cotés de l'histoire. Et comme par hasard, au moment ou "King Kong" est annulé, les droits parviennent à Peter Jackson, mais comme dirait Gandalf "La plus grande bataille commence". Jackson se lance dans l'écriture des films avec le soutient de sa femme, en même temps il négocie cette foi avec les studios pour financer le film, il réduit même l'écriture à deux longs métrages mais le projet demeure trop ambitieux et trop risqué.
Mais c'est quand le rêve rencontre une branche de Warner répondant au nom de New Line que tout démarre, le studio est conscient de l'ambition, mais aussi du potentiel, de l'immense communauté de fan à travers le monde. Et la cerise sur le gâteaux, ce ne sont pas deux mais trois films qui sont confiés à Peter Jackson qui se rend compte qu'il tient le plus grand projet de l'histoire du cinéma : tourner trois films avec chacun une trouzaines de personnages et d'environnements différents, puis les sortir à un an d'intervalle chacun, l'un en 2001, l'autre 2002 et le chapitre final en 2003.
Peter Jackson se met immédiatement au travail, et il n'en est pas moins euphorique, il invite les illustrateurs attitrés de Tolkien à participer au design, il réécrit le script pendant que les ateliers de Weta se mettent en place. Les films ne seront tournés qu'en Nouvelle-Zélande, ce qui permet au cinéaste d'être plus proche de chez lui et de garder un contrôle total, non loin de là la reconstitutions du village de Hobbitebourg démarre un an avant le tournage pour que l'herbe et la végétation ait le temps de pousser sur une surface de deux kilomètres.
Il faut également penser au casting, mais trouver un visage pour chaque personnage n'est pas chose simple, plus d'une vingtaines de personnages différents qui vont tous trouver une figure emblématique pour les incarner. Le plus dure sera sans doute Aragorn, d'abord c'est Nicolas Cage qui est approché mais pour des raisons personnelles il décline (et quand on voit "Le Dernier Templier" on se dit qu'on l'a échappé belle), puis vient Stuart Townsend écarté juste avant que le tournage ne commence pour son trop jeune âge. L'équipe se jette donc sur Viggo Mortensen et pendant le tournage sa faculté à se fondre dans son personnage et de manier l'épée sans avoir pris de cours bluffent tout le monde. Ian McKellen ne sera également pas facile à avoir, en plein tournage de "X-Men" de Bryan Singer ou il incarne Magneto, il ne rejoindra l'équipe qu'après le début tournage.
Mais l'ambition technique est tout aussi immense, pour donner vie à l'univers Weta va devoir innover, performance capture et création du logiciel Massive notamment. Mais c'est surtout en terme de design que le film sera dure à concevoir, les deux illustrateur de J.R.R. Tolkien s'attaquent aux paysages, Alan Lee imagine le village des Hobbit qui doit être chaleureux et bon vivant, Fondcombe doit présenter le lien entre les elfes et la nature, John Howe imagine les armures (domaine dans lequel il est spécialisé) et fera faire l'anneau par un orfèvre suédois décédé pendant le tournage. 40 couturières créent 19 000 costumes, les plus complexes seront ceux des Nazgul car il comportent cinquante maitres de tissus.
Les préparatifs sont près, le matériel n'attend que d'être utilisé, l'équipe est réunie, l'écriture finie. Le peuple de la Terre du Milieu est donc parti pour un an de tournage marathon entre montagne et studio en Nouvelle-Zélande, un tournage pas sans complication, nombreux seront les acteurs blessés (notamment Sean Astin qui s'ouvre la plante du pied) et d'autres victimes d'allergies. La Tour Eiffel du cinéma est donc en construction, et elle est en bonne voie.
"Vous trouvez l'aventure ou l'aventure vous trouvera", c'était l'accroche de "La Communauté de l'Anneau" qui sort en décembre 2001, le paris est totalement fou, si le film fait un flop, les deux prochains en feront un également, et face à l'immense public et les fan de l'oeuvre de Tolkien qui sortent les couteaux ce n'était pas vraiment gagné, mais c'était sans compter la passion de Peter Jackson, sous nos yeux rêveurs la comté prend vie, forme, et magie. Nous découvrons un village de hobbit coupé du monde, représentant l'archétype du monde dans lequel on rêverai de vivre, féérique, on est prit dans l'atmosphère ténébreuse et mélancolique qui règne sur ce monologue présenté par la voix de Galadriel pour le coté intemporel et poétique, la musique d'Howard Shore est déjà prenante, l'univers est vivant, incroyablement riche se séparant des royaumes du Gondor au Rohan en passant par le Mordor, métaphore de l'enfer dans lequel règne un diable qui ne demande qu'à ressusciter, des démons sans visage et des anges déchus. Mais sans le vouloir, voilà qu'une créature insignifiante tombe sur la chose, comme un spectre, un anneau n'attend que son heure et son maitre, celui des ténèbres. C'est quand on pense que cette trilogie tient sur un si petit objet insignifiant qu'on ne peu que crier au génie. Les films suivent les destin de plusieurs individus, se concentrant notamment sur l'héritier Aragorn et le voyage de deux hobbit seuls et porteurs de l'objet le plus désiré qui soit. Suivant en parallèle les deux histoires, les films les utilisent comme un trampoline pour développer l'univers, les royaumes, et aboutir au prodige. Grace à toutes ces personnes qui ont travaillé d'arrache pied pour donner vie aux costumes et aux décors d'un réalisme à couper le souffle, la Terre du Milieu ne devient pas seulement un prétexte, mais un personnage à par entière, et de loin le plus fascinant, refermant des secrets de toutes les sortes et des êtres plus intrigants les uns que les autres les faisant cohabiter avec une force inouïe et attachante.
Des personnages sans conteste remarquables, plein d'énigmes, là est la force majeure de la trilogie, à peine vu on s'attache à eux, on les comprend, ils ont tous une histoire à raconter, une vie, ce quelque chose les rend inséparable avec nous, filmé avec classe par un réalisateur particulièrement investie qui arrive tous à les placer de manière équitable. C'est surtout cette richesse impressionnante, cette envie d'aventure héroïque et admirable, traité sans lenteur, mais jamais trop courte grâce à ces ressorts humoristiques improvisés apportant cette vive fraicheur après des scène excellant dans le suspens. Chaque action est racontée de manière épique, l'aventure est vue au plus près avec une audace sidérante, chaque film dure trois heures, voir plus pour les versions longues, et pourtant on a beau chercher il n'y a aucune longueur, que de l'épique, du passionnant et du fascinant.
C'est aussi la progression splendide qui donne cette sensation de jamais vu, on commence avec des créatures obscures qui poursuivent une elfe, on finit sur la plus grande bataille jamais filmée. Révélant des héros faisant office d'accompagnateurs dans une intrigue qui finie par devenir quasiment chorale, une évolution qui se fait en douceur mais aussi avec une terrible rapidité, il suffit d'observer Aragorn, rôdeur au début, il se révèle digne d'un Roi dans un discoure désespéré avec une bataille suicide.
Mais loin de ces héros, les personnages secondaires ont tous droit à leur moment de gloire, de larme et de tension, tous évoluent, tous provoquent un attachement sincère, comme si ils vivaient en nous, tellement leur vie est en danger à chaque instant, ils forment un petit monde, dans le secret, ils sont profonds, uniques, drôles et ambiguës. Merry et Pippin qui font une amitié provoquant l'empathie, l'amour entre Eowyn et Aragorn, le corrompu malgré lui Boromir et l'honneur enlevé à son père à la limite de la folie. Ils ont tous une place et sont traités avec une harmonie à peine croyable. Il faut dire les acteurs ni sont pas pour rien, Viggo Mortensen est incroyablement charismatique, Sam est attachant se montrant finalement comme un héros sauvant Frodon de nombreuses impasses. Le tout donne des impression de densité mais est finalement limpide.
Le plus étrange est certainement Sméagol plus connu sous le nom de Gollum, représenté par des images de synthèses qui des années plus tard restent magnifiquement réalistes. Comme un blizzard rendant les consciences aveugles, il hypnotise, manipule, il est sournois, menteur et pourtant incroyablement attachant, inspirant une puissante pitié quant a son esprit envahit, sa vie absorbée par l'anneau et la folie, comme une drogue dure, on sait qu'il est victime d'une injustice, que avant il était une bonne personne avant de devenir un vagabond monstrueux.
Mais au delà de ces personnages profonds, de cette richesse ambiante, "Le Seigneur des Anneaux" demeure une trilogie à l'atmosphère captivante ou le parfum d'apocalypse règne à travers un fabuleux torrent de poésie et de calme avant la tempête, les dialogues, les séquences oniriques comme la vision d'Eowyn et l'espoir se dressent devant des images somptueuses et spectaculaires. C'est ainsi que les séquences à proprement parler magnifiques s'enchainent dans un pessimisme génial et un optimisme à la grandeur infinie, le chant de Pippin devant Denethor dans "Le Retour du Roi" est à la plus fidèle illustration et probablement la plus belle scène de la saga, son chant est bouleversant, ce qu'il représente également avec filmé en parallèle l'emprise des ténèbres qui se referme sur la citer des hommes et la liberté.
Traitant également une harmonie avec la nature somptueuse, Peter Jackson est un très grand paysagiste, filmant les espaces les plus beaux, des sommets de la plus haute montagne aux profondeurs de la Moria en passant par la foret. Tout est somptueux à observer. Le film aborde également un message clair mais jamais insistant ni redondant sur l'influence de l'industrie comme l'abordait Tolkien lui même.
Et évidemment tout ce récit ne serait pas grand chose sans la musique de Howard Shore, compositeur anglais que Peter Jackson a contacté en s'apercevant que sa composition pour "Le Silence des Agneaux" ce mariait parfaitement avec les images de la Terre du Milieu. Shore colle à chaque Royaume une symphonie différente délivrant l'émotion de l'environnement et de ses habitants. Le thème illustrant le Rohan est héroïque et provincial, celui de la Comté doux et presque enfantin tandis que celui du Mordor est fort, brutal. C'est un véritable opéra, mélancolique et beau, l'alliance avec l'image est parfaite et épique en plus d'avoir ce ton médiéval et intime.
Bref, "Le Seigneur des Anneaux" est peut être le plus grand prodige artistique jamais vu sur grand écran, l’archétype du cinéma idéal, passionnant, fascinant, épique et exaltant, une oeuvre colossale, un voyage inouï dont on ne ressort jamais vraiment, onze heures de film faites avec densité, limpidité et intensité dont il est finalement impossible de se lasser. Il n'y a pas de mot, c'est de la pure magie.
Et le plus beau c'est que aujourd'hui, on ne distingue toujours pas de ride, la trilogie est sans doute devenue l'un des monuments les plus connu du 7ème art. Immense, époustouflant, on ne s'en remet jamais vraiment.
Peter Jackson quant à lui a pu réaliser son rêve, "King Kong" sort en 2005 avec son nom au générique, à l'époque il est le film le plus cher de l'histoire du cinéma. "Le Retour du Roi" lui aura d'ailleurs valu un Oscars au réalisateur Néo-Zélandais qui tourne toujours sur ses terres natales. Aujourd'hui, alors qu'il a commencé à réfléchir à la trilogie il n'y a pas moins de 20 ans, il est en position de se demander ce que le cinéma serait sans lui, et il aurait bien raison. Son audace aura bouleversé la technologie, tout comme l'industrie du cinéma ou toutes les histoires ne seront jamais compter.