Une jeune et jolie anglaise qui voyage autour du monde, a trouvé un emploi de préceptrice dans une famille aisée de la campagne Madrilène. Elle constate peu à peu qu'elle est tombée dans une famille dysfonctionnelle pu tous les adultes qui la composent sont particulièrement névrosés. Carlos Saura, met en scène son égérie et épouse de cette époque ( années 70) la très jolie Geraldine Chaplin ( une des filles de Charlie Chaplin). Le réalisateur espagnol qui fut à cette époque, après Luis Bunuel et avant Pedro Almodovar, le réalisateur le plus célèbre au plan international originaire de la péninsule ibérique. Il se propose ici, dans un de ses films les plus fameux, réalisé avant "cria cuervos" son plus grand succès, d'éclabousser de manière subtile la dictature franquiste au pouvoir encore à cette époque. Les trois frères de la famille incarnant, pour chacun d'entre eux un des piliers de la dictature ( l'église, la bourgeoisie et l'armée), la jeune étrangère representant sans doute la figure du monde libre. On retrouve ici, le procédé narratif qui consiste à faire entrer dans un univers clos , un personnage qui vient relever les incohérences et les turpitudes d'un monde recroquevillé sur des valeurs contestables. Au plan cinématographique, c'est "théorème" de Pasolini, qui vient immédiatement à l'esprit quand on visionne le film ( voire "violence et passion" de Visconti). Les références sont multiples et chacun en trouvera sans doute, d'autres. Valeurs contestables de ce monde, en ce qu'elles ne permettent pas l'épanouissement des individus, encore moins leur équilibre et leur sérénité pour ne pas parler de bonheur, mais bien au contraire sont le berceau et le ferment de leurs névroses, de leur mal-être et finalement de leur dangerosité. Si "Anna et les loups" est réussi dans sa première partie, la seconde l'est beaucoup moins par son manque de rythme. On a ainsi affaire à un film déséquilibré, certes intéressant par la thématique abordée, mais qui au plan formel n'est pas totalement accompli. Un peu dommage. Malgré tout "anna et les loups" est considéré généralement comme un film majeur de son auteur. A titre personnel, je préfère nettement " la cousine Angélique " le film suivant de Saura, qui me semble posséder une force émotionnelle, dont "anna et les loups" manque parfois. "Anna..." est néanmoins un film de qualité, dont la vision s'impose au spectateur intéressé par le cinéma d'auteur espagnol et par les films qui surent se départir de la censure pour participer à la naissance de la démocratie dans la patrie de Cervantes.