Véritable petite pépite question fraîcheur et bonne humeur, Sister Act avait enflammé l’année 1992. Notamment grâce à son concept comique fort sympathique, une Whoopi Goldberg qui tenait là l’un de ses meilleurs rôles, et une bande-originale qui envoyait ! Et vu le succès du film (soit plus de 230 millions de dollars pour les recettes internationales pour un budget de 21 millions), il était fort à parier qu’une suite sorte aussitôt dans les salles. Un an après donc, Sister Act 2 apparaît sur les écrans (américains du moins, car il faudra attendre 1994 pour la France), avec pour objectif de surfer sur le succès du premier opus, tout en étant à la hauteur de celui-ci. Pour la première partie, c’est réussie ! Pour la seconde néanmoins, c’est le plantage total…
Rien qu’au niveau du script, un gros problème pointe le bout de son nez. Soit notre chère Doloris (quoiqu’en VF, cela semble être Dolorès) qui vient en aide à ses amies bonnes sœurs pour prendre en charge une classe de musique constituée d’élèves fort dissipés. Afin d’empêcher la fermeture de l’école religieuse. En somme, vous remplacer l’église du premier film par une école, les bonnes sœurs par des adolescents, et surtout, vous enlevez toute la trame qui flirtait avec le thème de la mafia (rappelez-vous, Doloris qui devait se planquer à l’église pour fuir son mac après avoir été témoin d’un meurtre), vous obtenez Sister Act 2… Là, c’est vraiment surfer sur le succès ! À défaut de perdre tout ce qui faisait le charme du premier film…
Car du coup, nous n’avons plus un seul effet de surprise. Touchant l’humour qui perd énormément en efficacité. Étant donné que Sister Act 2 n’amuse plus par la différence entre le monde religieux et celui bling-bling de Doloris, préférant faire simple en prenant ce que l’on a toujours vu : une « enseignante » peu orthodoxe tentant de faire face à des élèves qui font régner leur loi. Autant dire qu’il s’agit d’une trame humoristique mille fois vue, manquant d’originalité et ne faisant que rarement sourire. Il y a bien de temps en temps quelques instants assez drôles (comme ce curé présentant sa croix à un vigil qui lui avait demandé s’il avait un badge), mais comparé au premier film, c’est plutôt faible.
Ensuite, comme il était stipulé dans le paragraphe précédent, Sister Act premier du nom s’amuser à voir Doloris s’habituer à la vie religieuse. Ce qui incluait des personnages hauts en couleur (les sœurs Mary Patrick, Mary Lazarus et Mary Robert). Que nous retrouvons dans cette suite, mais pas avec le bonheur escompté. En effet, si elles répondent présentes dans ce film, c’est bien plus pour faire tapisserie qu’autre chose. Étant réduites à des « quatrièmes rôles » dont nous nous fichons royalement. Tout comme les nouveaux seconds rôles, qui passent totalement inaperçus. Et puis, autre erreur, cette fois-ci du côté des élèves : certains d’entre eux font irrémédiablement penser aux personnages du premier opus (comme Ahmal qui, à l’instar de Mary Robert, va apprendre à combattre sa timidité en faisant monter sa voix lors des chansons). Renforçant encore plus cette impression de répétition. Et réduisant la majorité des acteurs au statut de simple figurant (avez-vous fait attention à la présence de James Coburn et de Michael Jeter dans le film, franchement ?). Juste Whoopi Goldberg s’en sort comme à son habitude (en même temps, il n’y en a que pour elle) et quelques adolescents prometteurs.
Autre problème, provenant cette fois-ci de la mise en scène : le changement de réalisateur entre les deux opus. Pour cette suite, Emile Ardolino, étant décédé, est remplacé par Bill Duke. Et cela se voit ! Pour l’expliquer, prenons les séquences chantées majeures des deux films. Dans le premier Sister Act, Oh Maria avait du panache. Aussi bien dans la musique que dans les mouvements de caméra, cette dernière arrivant à capter l’énergie de la chanson et des choristes, faisant ressortir l’effet comique de la scène. Le mythique Oh Happy Day du 2, c’est tout simplement plat. Malgré de jolies voix, on ne ressent vraiment rien à l’écoute de la mélodie.
La bande-originale justement, parlons-en ! D’accord, c’est entraînant, c’est sympathique, c’est joyeux. Mais franchement, était-ce une raison de changer de style parce que le film s’intéresse à des jeunes ? Ici, les chansons se balançant entre pop et gospel du premier film s’effacent derrière de nouveaux morceaux qui s’apparentent bien plus à du RnB. Nous faisant ainsi demander si nous avons bien affaire à du Sister Act et non à un banal film musical avec une fausse bonne sœur sur le devant de la scène.
C’est pourtant l’impression que donne cette suite. Attention, malgré tout ce que je viens de dire, il ne faut pas prendre Sister Act 2 comme un mauvais film. Car au final, il se montre tel un petit divertissement musical qui met de bonne humeur. Mais face à ce qui était fait dans le précédent, on a bien du mal à s’intéresser à celui-ci. Qui parait bien trop faible. Autant se reporter sur le premier film ou même la récente comédie musicale sur scène qui en découle !