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Teresa L.
21 abonnés
148 critiques
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4,5
Publiée le 2 mai 2014
On pouvait reprocher un excès de sentimentalisme aux deux premiers films de Dreyer, qui n'a pas encore atteint en cette époque la maturité des chefs d'oeuvre futurs (ça ne va pas tarder, avec "Mikael", dès 1924.) Ce film (nommé aussi "La veuve du pasteur") est génial, chaque plan tient debout grâce à un potentiel énorme d'agressivité rentrée, de sensualité frustrée (aucune pudibonderie chez Dreyer), une force inconcevable en Europe du sud.
Comme quoi le vrai cinéma est bien le cinéma Suédois de 1920, après ça devient de la merde. Bon sérieusement je n'ai aucun souvenir de comment ça se fait que j'ai ce film, mais je l'ai. Et puis comme ça faisait quelques temps que je voulais voir un Dreyer j'ai poté pour celui là. Bon on sera tous d'accord je pense pour dire que ça ne vaut ni la passion de Jeanne d'arc, ni Ordet ou bien jour de colère. Mais néanmoins, c'est pas mal du tout je dois dire. En fait ce que j'aime chez Dreyer est là. C'est à dire une ambiance protestante d'une époque qui n'existe plus avec des valeurs religieuses et morales qui n'existent plus. Je trouve la reconstitution historique très bien faite, on s'y croirait, entre les décors et les costumes. Aussi Dreyer a cette capacité à nous planter un décors et nous y immerger. J'étais vraiment avec ce pasteur qui doit épouser une vieille veuve assez strict mais également bonne et bienveillante. Surtout que la mise en scène tient largement la route, on a un film très fluide, sans lenteur (on est quand même aux prémisses du cinéma, tout reste à inventer (même si Intolérance était déjà sorti)). Le reproche que je pourrai faire c'est peut-être de ne pas être aussi fort que les films qui vont suivre (de Dreyer) et que la partie qui m'intéresse beaucoup, la partie concernant la foi du pasteur n'est pas abordée pour se concentrer sur l'histoire d'amour. Je pense que ça avait également sa place dans ce film. Enfin c'est pour chipoter. Mais ça reste un bon film, assez moderne et très intéressant.
Il paraît que Carl Dreyer a voulu faire un film comique, et c'est vrai que le scénario avait un potentiel énorme. Le résultat est un film d'une lenteur incroyable, qui ne distille que l'ennui, les gags, si on peut les appeler ainsi, sont lamentable, l'apprenti prêtre spoiler: qui fait son exposé avec une plume de mouette dans les cheveux, qu'est-ce qu'on rigole, quel boute-en-train ce Dreyer ! On a parlé d'une critique de la religion, je n'ai rien vu de tel. Et à la fin on nous fait une pirouette sur la bonté intérieure et ça se termine de la façon la plus gnangnan possible. Si l'on veut sauver quelque chose il restera spoiler: la marionnette diabolique qui arrive à nous décrocher un sourire.
Charmante farce médiévale abordant de vastes sujets, La Quatrième alliance de Dame Marguerite est surtout un film débordant d'humour, plus qu'aucun autre film de Dreyer. Le héros est un plaisantin qui, pour devenir pasteur de son village, doit épouser une vieille dame, sorcière selon les commérages. Il pense aussi profiter de ce mariage pour hériter plus tard des biens de la veuve et épouser sa bien-aimée qu'il fait passer provisoirement pour sa sœur. Ses vaines tentatives de faire peur à la vieille dame sont toutes aussi infructueuses que hilarantes. Ainsi, quand il se déguise en diablotin avec un drap grossièrement transformé en déguisement farfelu, ou encore ses tentatives vaines d'infidélité : le doigt pris dans le métier à tisser, ou pris en pleine nuit en train d'embêter la vieille servante... Tout fait de lui le parfait bouffon, notamment quand il se déclare maître de la maison ce qui lui vaudra quelques ennuis, pendant que dame Marguerite se révèle être la sorcière la plus sage et la plus bienveillante. Toutefois, le ton du film n'est pas que léger, mais il pose aussi un questionnement sur la place et le respect dû aux personnes âgées. Dame Marguerite était reconnue comme sorcière notoire à cause de vieilles superstitions populaires, alors que c'est une brave vieille dame attentionnée qui donnera son pardon aux jeunes fiancés avant de mourir. Carl Theodor Dreyer n'est pas que le créateur de récits sinistres et désespérants, mais aussi de récits pleins de vie et débordants de gaieté.