Richard Fleischer démontre encore une fois son talent dans le filmage avec le format large. Le cinémascope est un format dont il sait tirer une construction de plans qui met en avant tout à la fois les décors sur différents plans, mais aussi les personnages. Et pas uniquement en plans d'ensemble: il suffit d'analyser toutes les séquences dans les sous-sols de la mine de soufre.
Au-delà de la forme, ce péplum sur Jesus Christ est passionnant. Car son personnage principal, Barabbas, est une victime, qui ne contrôle rien de sa vie. Le film commence par sa rencontre avec Jesus Christ. La population décide de l'épargner et de crucifier Jesus Christ, ce qui le poursuivra toute sa vie: prisonnier pour brigandage, puis libre Grâce au peuple (qui préfère exécuter Jesus Christ que lui même donc), puis il est emprisonné à nouveau, puis il devient gladiateur. Le film débute par la crucifixion de Jesus Christ et suit en parallèle de l'histoire de Barabbas et la montée de la secte des croyants en Jesus Christ.
La partie du film où Barabbas est gladiateur permet de suivre les entraînements des combattants, les répétitions des affrontements puis les affrontements eux-mêmes, et d'évoquer le fonctionnement et le rôle des gladiateurs à Rome. Avec en prime Jack Palance qui campe un gladiateur halluciné, combattant professionnel, qui ne semble plus esclave, et qui adore cela: il tue par plaisir. Concernant l'interprétation, Anthony Quinn est parfait et interprète un incroyant dubitatif, simple et primaire sans être stupide, qui subit et ne comprend pas ce qui lui arrive, mais qui sait être résilient (peut-être avec l'aide de Dieu...).
Le film est intéressant pour les us et coutumes de l'époque: le statut des prisonniers, des esclaves, les Romains. D'ailleurs le film ne montre pas forcément les Romains comme des méchants, nous ne dirons pas comme bienveillants, mais plutôt comme des concernés.