« Le Serpent » s’inscrit pleinement dans le cinéma d’espionnage des 70’s. Des personnages écrasés entre l’Ouest et l’Est dans une ambiance froide, des agents qui se manipulent les uns les autres, des coups tordus… Et peu de spectaculaire, on privilégie le dialogue et l’implicite !
Un style qui peut dérouter les plus jeunes spectateurs. Pourtant, sans être l’une des grandes réussites du genre, « Le Serpent » tient très bien la route. Si la mise en scène de Henri Verneuil et la BO d’Ennio Morricone sont étonnamment sages, les qualités du film se trouvent ailleurs.
D’abord, une prestigieuse distribution internationale, de Philippe Noiret à Henry Fonda, en passant par Yul Brynner. Ce dernier, polyglotte (il déclarait pouvoir parler 11 langues !), se fait plaisir, le film mélangeant régulièrement le français, l’anglais, le russe ou l’allemand. Les origines russes de Brynner servent pleinement son jeu, celui-ci incarnant un colonel du KGB trouble qui passe à l’Ouest.
Et surtout, un très bon scénario. Le film est posé mais fin, et chaque dialogue, chaque détail a son importance pour pouvoir dénouer cette situation. L’idée majeure derrière tout cela étant que dans l’espionnage, on ne peut faire confiance à personne, chacun pouvant être considéré a priori comme un traître. Puisque les services retournent le moindre recoin du passé des gens, et que personne n’a une vie immaculée. Surtout la génération ayant travaillé pendant la guerre.
Pour l’anecdote, la scène finale fait référence au célèbre pont de Glienicke, qui a servi à des échanges d’espion bien réels. Sauf qu’elle a été tournée sur un pont… dans l’Oise !